Colombie : à la recherche de l’Eldorado 🪙 – 2/4 : Cocora & Medellín
Décembre 2022 – Janvier 2023
Salut vous ! Cela fait un moment que nous n’avons pas discuté ensemble … Plus de deux mois que cette série d’articles sur la Colombie a été postée et puis … Silence radio. Je ne vais pas vous mentir, je savais que j’allais être absente pendant quelque temps : un voyage, deux autres en préparation et plusieurs week-ends sur les festivals … Il ne me restait que très peu de temps pour écrire ici. Maintenant que c’est un peu plus calme dans ma vie, je vais pouvoir reprendre là où nous nous sommes arrêtés.
Nous étions dans un bus de nuit pour rejoindre Pereira, capitale du département de Risaralda, et porte d’entrée pour la Vallée de Cocora. Cette journée était un stop plutôt périlleux puisque le timing était très serré, mais il est quasi impossible de faire l’impasse sur cette étape pendant un séjour en Colombie. C’est simple : Cocora est la photo de couverture choisie pour l’édition du Lonely Planet que j’ai emporté avec moi …
Mais qu’est-ce que c’est « Cocora » Charlotte ?
Avez-vous vu le film d’animation Encanto ? Et bien, la fameuse maison de la famille Madrigal est construite dans une cocoteraie directement inspirée de Cocora. Par ailleurs, le dessin animé en entier est influencé par la culture colombienne 😊.
Maintenant que je vous aie posé le décor, rentrons dans le vif du sujet. Mais avant tout je vous renote le sommaire pour que vous puissiez facilement naviguer dans cette série d’articles :
- Étape 1 : Bogotá & le désert de Tatacoa
- Étape 2 : La vallée de Cocora & Medellín [article actuel]
- Étape 3 : Carthagène des Indes & la côte caribéenne (le Parc national naturel de Tayrona)
- Étape 4 : La Sierra Nevada de Santa Marta (La Ciudad Perdida & Minca)
Les transferts
Ok la Vallée de Cocora est sans doute l’attraction majeure de Colombie, néanmoins, si vous n’êtes pas du genre à vous laisser entraîner avec une agence de voyage qui organise tout à votre place … Vous allez devoir vous accrocher. L’accès est tout sauf évident, surtout si, comme nous, votre temps était compté.
Tel qu’évoqué juste au-dessus, il vous faudra, dans un premier temps, rejoindre la ville de Pereira et sa gare routière.
Cette dernière ressemble à un petit labyrinthe. Pour trouver la compagnie vous permettant de rejoindre la ville de Salento, il faut vous diriger vers la sortie et, en vous retournant vers le cœur de la gare, sur votre droite, vous avez un renfoncement donnant accès aux guichets des compagnies de bus. Celle qui vous intéresse s’appelle Expreso Alcalá, je ne suis plus très sûre que le nom est clairement indiqué : il s’agit d’un petit guichet avec généralement des agents pour vous conseiller. Je vous passe les détails, mais ayez en tête que dans les lieux de transport en Colombie, il vous faudra comprendre rapidement et correctement : les agents n’ont pas de temps à perdre à vous expliquer et ne vous attendez pas à ce qu’ils utilisent l’anglais pour faciliter la discussion 😉.
Le billet vous coutera 10 500 $ (soit env. 2,40 €) et vous aurez 1h de trajet. Un petit conseil : si vous le pouvez, choisissez une place côté fenêtre, les paysages sont magnifiques.
Vous serez déposé au Terminal de bus de Salento qui est en périphérie de la ville. Ensuite, les choses se corsent légèrement, car tout n’est pas très bien indiqué. Mais je suis là pour vous aider ! Croyez-moi, j’aurai bien aimé trouver un site permettant de nous guider à ce moment-là 😆. Il faut vous rendre au croisement entre la carrera 3 et la calle 3, juste-ici :
À cet endroit précis, vous pourrez acheter un billet vous permettant de grimper dans une Jeep Willys afin de rejoindre la Vallée de Cocora. Le prix est de 8 000 $ (soit 1,80 € env.) et les voitures partent régulièrement entre 7h30 et 9h30 dès qu’elles sont pleines. Ne vous inquiétez pas, ça va très vite 😉.
Vous pouvez bien sûr choisir de monter à la vallée à pied ! Mais premièrement il faudra que vous ayez du temps devant vous : le trajet dure un peu plus de 2h30, et la Jeep est une expérience à part entière 😁.
Pour le retour, c’est la même chose : la Jeep pour redescendre à Salento, rejoindre la gare routière, attendre un bus pour rejoindre Pereira et voilà ! Ayez tout de même en tête que passé 12h, le nombre de personnes souhaitant rejoindre Salento se fait plus important et vous risquez d’attendre pour obtenir une Jeep : à titre d’exemple, nous avons attendu 1h.
Des palmiers par millier
Maintenant que nous avons vu en détail comment rejoindre cette réserve naturelle : qu’est-ce que nous pouvons y voir ? Pourquoi tant d’enthousiasme et d’effort pour rejoindre ce spot ?
La Valle del Cocora se situe à l’intérieur du parc naturel National de los Nevados, et dans cette zone précise, pousse une espèce endémique de la région : le palmier à cire. Comme son nom l’indique, l’écorce de cet arbre était utilisée dans la fabrication de bougie par exemple. Néanmoins, si j’utilise le passé c’est qu’il y a une bonne raison : l’espèce est désormais protégée. Sa croissance est très lente et les activités humaines ont conduit à réduction drastique de l’espèce … Mis bout à bout : espèce menacée et endémique, vous avez devant vos yeux un spectacle unique au monde.
Ce palmier est également devenu un symbole de la Colombie et c’est pourquoi la Valle del Cocora bénéficie d’un attrait touristique important. Ceci expliquera le nombre de touristes qui sont présents au tout début du parcours : ne vous découragez pas, la plupart n’osent pas emprunter le chemin de randonnée. Donc, ne tardez pas à grimper dans le sentier pour vous éloigner et l’effervescence. Plusieurs parcours sont possibles en fonction du temps que vous avez devant vous :
Etant donné que nous n’avions que très peu de temps, nous avons choisi de ne monter qu’au deuxième mirador avant de rebrousser chemin. Mais je vous conseille de poursuivre si vous avez la possibilité de dormir dans les environs de Salento le soir même 😊.
Je vous ajoute quelques photos prises lors de cette journée afin que vous puissiez apprécier le paysage.
Mais je vous vois venir ! Vous avez une question qui vous taraude depuis quelques minutes : pourquoi cette omniprésence des Jeep Willys ? C’est vrai après tout, cette voiture tout terrain est sorti en 1941 était destiné aux GI’s américains pour leurs opérations, pourquoi la voir de manière iconique dans cette région du globe ? Et bien, dès la fin de la guerre en 1945, les Américains ne savaient plus quoi faire de leur énorme stock de Jeep, l’occasion de les vendre au rabais dans les pays en voie de développement. Néanmoins, le deal n’était pas gagné, il fallait convaincre les Colombiens d’acheter ces véhicules : s’organise alors de véritables démonstrations sur les places des villages afin de montrer à l’aide d’une Jeep chargée à bloc des acrobaties afin de prouver sa maniabilité et sa légèreté. Marché conclu, la voiture deviendra l’utilitaire de prédilection des producteurs de banane et de café pour parcourir les sentiers accidentés et facilement assurer la logistique nécessaire : une véritable Mula mecánica (litt. mule mécanique).
Medellín : Ciudad de la Eterna Primavera
Un surnom qui peut paraitre un poil trop romantique lorsque l’on connaît le passé sulfureux de la ville … En effet, en 1993 le cartel de Medellín fut démantelé juste après la mort de son leader : le très célèbre Pablo Escobar. J’imagine que ce nom vous parle, Escobar était un véritable baron de la drogue en Colombie et a fait l’objet récemment d’une série sur Netflix : Narcos. Outre la drogue, le cartel de Medellín était également actif sur des affaires de blanchiment d’argent (l’un allant souvent avec l’autre), mais également de contrats d’assassinats, d’attentats, de corruption, trafic d’armes, et même de meurtre. De bons gros vilains en somme 😅.
Crédit : Eric Vandeville
Néanmoins, la vérité n’est jamais toute noire ou toute blanche : Si aujourd’hui la figure « romancé » d’El Patrón (comme il était surnommé) donne quelque peu la nausée aux Colombiens, il faut tout de même avoir en tête qu’il a contribué à la construction de quartiers entier dans les zones les plus pauvres de Medellín. Avec de l’argent sale, certes, mais cette contribution a permis à plusieurs familles de sortir de la misère … Ces évènements ont fait le tour du globe et aujourd’hui, l’image de la Colombie est toujours entachée : si preuve en est, je vais vous imager ce propos avec mon expérience personnelle. Lorsque j’ai annoncé à ma mère que nous annulions notre voyage au Pérou à cause des contestations politiques et que nous nous envolions pour la Colombie, elle m’a prise pour une folle et m’a tout de suite demandé si le pays était vraiment sûr. Trêve de digression, revenons au temps présent : pourquoi Medellín ? Qu’est-ce que l’on peut y voir ? Où est-ce que l’on peut loger ?
Les transferts
De notre côté, nous partons de la gare routière de Pereira que nous avions rejoint juste après notre halte dans la Valle del Cocora. Départ prévu à 16h15 pour une arrivée à 21h28 avec la compagnie Flota Occidental. Cette dernière est plutôt appréciable, nous avions tout le confort nécessaire et pour une fois, nous ne sommes pas morts de froid à cause de la clim 😆.
MAIS ! Vous apprendrez au fil de cette série d’articles qu’il vaut mieux ne pas se fier aux horaires présumés pour les transports routiers. Jusque là nous n’avions pas eu de soucis, mais notre trajet jusqu’à Medellín ne s’est pas déroulé comme prévu. Rien de grave, bien entendu, mais les travaux dans la banlieue de la ville nous forçait à faire de grands détours comme vous pouvez le voir sur la carte ci-dessous. Au final, c’est avec 2h30 de retard que nous arrivons au Terminal del Sur.
Le logement
La recherche de location à Medellín nous a demandé un peu plus d’attention qu’à l’habitude. En effet, même si nous avons la faculté de prendre du recul sur les évènements ayant eu lieu dans cette ville, force était de constater que nous n’y avons jamais mis les pieds, et que la réalité est parfois plus sévère que celle que nous nous imaginons. En d’autres termes, nous n’avions pas envie de tomber dans un quartier un peu « craignos« . Pour cela, nous avons simplement demandé conseil pour savoir où nous pouvions loger pour pas cher, dans un quartier plutôt sécurisé.
Notre choix s’est porté sur le Malaika Hostal dans le quartier d’El Poblado. C’est clairement le lieu de la fête : bars et boîtes de nuit, ça bouge dans tous les sens. C’est plutôt plaisant, mais si vous préférez être au calme, mieux vaut vous tourner vers le quartier Laureles. En contrepartie, vous paierez surement plus cher 😉. De manière un peu simplifiée, évitez le nord de Medellín, au-dessus d’El Chagualo (pour vous situer, c’est tout ce qui est au-dessus de la carte ci-dessus), même le quartier Comuna 13, le quartier d’Escobar, est désormais plus touristique qu’autre chose.
Chez les paisas
En plein cœur de Medellín se trouve une attraction qui vous fera quelque peu remonter le temps : Pueblito Paisa. Tout d’abord, qu’est-ce qu’un « paisa » ? C’est un habitant du nord-ouest de la Colombie. Littéralement, le mot « paisa » pourrait être traduit par « compatriote » mais si l’on remonte un peu on se rend compte qu’il vient plutôt de « País A » qui était un diminutif de « País Antioquia« . En effet, cette zone de la Colombie forme une communauté à part entière avec un accent et une culture gastronomique différente.
Mais revenons à nos moutons, le Pueblito Paisa se situe juste à la lisière du quartier Laureles dont je vous parlais juste au-dessus et est une reconstitution d’un village typique d’Antioquia.
À l’origine, il n’y avait qu’un restaurant dans cette zone, mais le potentiel touristique a vite été identifié et lança la construction d’un véritable complexe, une sorte de mini parc thématique. Qu’est-ce que l’on y retrouve ? Une place en pierre vraiment caractéristique des villages de la région, où se trouve une église. Ensuite, les bâtiments ont différentes fonctions nécessaires à la vie quotidienne des habitants : une mairie, une école, un salon de coiffure, un barbier, un boulanger … Et même la maison du prêtre !
Prenez le temps de faire le tour et de déguster un petit snack : par contre ne vous attendez pas à être seul … Terminez votre visite en montant les marches à côté du musée. Vous arrivez sur une sorte d’esplanade avec une vue sur la ville. Car oui, je ne vous l’ai pas précisé, mais Pueblito Paisa est au cœur de la zone urbaine de Medellín, sur la colline de Nutibara, l’une des sept collines tutélaires de la ville. De ce fait, elle donne un point de vue sur toute la vallée.
Question pratique : le Pueblito Paisa est en accès libre, et c’est aussi ce qui explique son attractivité. L’entrée du Museo de Ciudad est également gratuite : vous pouvez y faire un tour si vous le souhaitez.
Encanto au bord du Río Porce
Pour la bonne tenue de cet article, j’ai volontairement fait un bon dans le temps : j’ai skipé un instant notre après-midi du 30 décembre, que je reprendrais juste après, pour nous concentrer sur la ville de Medellín. Nous sommes donc le 30 décembre au soir, et vous vous en doutez, la ville est habillée de lumière pour fêter le Nouvel An.
Nous les avions aperçues lors de notre arrivée dans la ville : les illuminations de fin d’année étaient disposées sur le fleuve Medellín, appelé aussi Río Porce. Et oui, quand je dis « sur » le fleuve, ce n’est pas des constructions de LED disposées sur les berges, non. Les lumières traversent le fleuve donnant un spectacle tout à fait étonnant.
La thématique de cette année était digne d’un compte de fée puisqu’il s’agissait du film d’animation Encanto ! Nature et magie étaient au rendez-vous : sublime.
Guatapé : vacances au bord de l’eau
Zone de villégiature privilégiée des habitants de Medellín, Guatapé est un village situé aux abords du lac El Peñol (ou lac Guatapé, je précise, car j’ai une anecdote rigolote à vous raconter par la suite). Cette zone de la Colombie est tout simplement magnifique, assez reculée et bénéficiant d’un paysage totalement surprenant avec ses centaines de petites îles. Pas étonnant que les paisas aiment s’y rendre pendant leurs vacances.
Un bloc de pierre de 10 millions de tonnes
L’attraction majeure de cette zone est l’immanquable Peñon de Guatapé ou la Piedra del Peñol. Pourquoi immanquable ? Tout simplement parce qu’il s’agit d’un énorme monolithe de 220 mètres de haut.
Ce monstre constitué de quartz pour la majorité, est fissuré à plusieurs endroits. L’une de ses fissures a servi pour construire un escalier en zigzag de 700 marches ressemblant à une sorte de couture dans la roche. Pour monter au sommet del Peñon il vous faudra payer un ticket d’entrée à 20 000 $ (soit 4,50€), un peu cher, mais la vue en vaut la peine. Mais bien avant l’escalier, la première ascension de la Piedra dura 5 jours, et c’est Luis Eduardo Villegas López qui y parvient en 1954. Depuis il est l’heureux propriétaire du cailloux, et oui !
Et d’ailleurs, cette question de la propriété du Peñon de Guatapé a été pendant longtemps sujet à débat, donnant lieu à des aberrations. Vous l’avez compris un peu plus haut dans cet article, le Peñon se situe entre deux municipalités : El Peñol et Guatapé. En 1988, le maire de Guatapé conclut un marché avec le propriétaire de la pierre, afin de faire inscrire sur le monolithe le mot « GUATAPÉ » en lettre de 30 mètres de haut, prouvant ainsi l’appartenance del Peñon. Et là normalement votre tête doit être celle-ci : 😱.
Mais ! Fort heureusement, à cette époque Guatapé n’était qu’une sorte de « commune » d’El Peñol (en Colombie nous appelons ça un corregimiento), ce n’est plus le cas désormais. En 1988, El Peñol fit valoir le fait qu’il est interdit d’écrire sur les attractions touristiques naturelles, ce qui stoppa à temps le massacre. Néanmoins … les lettres « GI » sont toujours visibles « I » étant le début d’un « U » … 😅 quand on sait que la peinture utilisée était à base de caoutchouc … Ça donne des sueurs froides …
Et c’est sur ce que nous allons conclure cet article. Pour notre part, il était temps de nous envoler vers une autre région de la Colombie, au bord de la mer des Caraïbes. Nous étions obligés de prendre l’avion afin de ne pas perdre trop de temps. Direction l’Aeropuerto Internacional de Medellín qui se situe à 30 min en voiture de la ville. Notre avion décollait à 18h58 ce qui nous permettait d’atterrir à Carthagène à 20h10, pile poil à l’heure pour pouvoir fêter le Nouvel An ! Je vous retrouve donc pour notre prochaine étape à la découverte de la côte caribéenne.
@cwmtraff & @TinyTwine