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Amérique du Sud,  Colombie

Colombie : à la recherche de l’Eldorado 🪙 – 4/4 : La Sierra Nevada de Santa Marta

Décembre 2022 – Janvier 2023

C’est parti mon kiki ! Nous voici dans notre dernier article de cette série sur la Colombie. Dernier article, mais pas des moindres ! Si vous vous souvenez bien du tout début de cette aventure, nous avions initialement prévu de nous rendre au Pérou afin, entre autre, de faire le chemin des incas pour atteindre le Machu Picchu (grand classique, je vous l’accorde). Je ne vais pas refaire l’histoire, mais pour résumer : nous avons annulé la totalité de notre voyage au Pérou pour nous diriger vers la Colombie, un pays qui pouvait nous offrir une expérience similaire, notamment avec une grande randonnée.

Et nous y voilà à cette fameuse grande randonnée ! Dans notre précédent article nous nous sommes quitté après avoir découvert le Parc National Naturel de Tayrona. Nous restons dans la même zone, mais nous nous dirigeons cette fois-ci vers les montagnes : dans la Sierra Nevada de Santa Marta. Au cœur de ce massif, auparavant territoire des FARCs, se trouve un trésor plus ou moins caché : la Ciudad Perdida.
Et là je pense que je fais remonter des souvenirs d’enfance : Les cités d’or, l’Eldorado, tout cet univers serait lié à l’imaginaire issu de ce lieu assez méconnu jusqu’au début des années 2000.

Je n’en dis pas plus pour le moment, car il y a beaucoup à raconter. Cette marche, bien plus qu’une randonnée, est un voyage pédagogique pour comprendre l’histoire de la Ciudad Perdida, des peuples qui y habitaient et ceux qui y habitent encore.

Sommaire, pour ceux qui auraient raté le début :

Les transferts

Comment rejoindre le début du trek de la Ciudad Perdida ? C’est très simple : il est impossible de faire cette randonnée seul, vous devez obligatoirement passer par une agence spécialisée et agréée pour faire ce parcours.

Ah ouais ? C’est relou … 😣

Oui, entre nous, je suis la première à essayer d’esquiver au maximum les randonnées guidées pour avancer à notre propre rythme et pour avoir une liberté d’observer, d’explorer. Mais ! Force est de constater que pour ce parcours, vous DEVEZ être accompagné. Par là j’entends que ce n’est pas une simple raison économique, il en va de votre sécurité.

Nous avons choisi l’agence Magic Tour Colombia : pour être honnête avec vous, nous n’avions pas vraiment le temps de comparer les différentes agences (cf. mon premier article). Nous avons contacté celle-ci suite à une lecture sur un blog de voyageur et la communication a été super fluide. Il ne nous en fallait pas plus, d’autant que les prix sont fixes, tout se joue sur le feeling et sur la clarté des informations délivrées : sur ces points, vous pouvez y aller les yeux fermés, Magic Tour est au top.

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Pour en revenir à la question initiale : si vous logez dans Santa Marta, l’agence se situe dans le centre-ville, vous pouvez la rejoindre facilement. Autrement, si comme nous, vous êtes à Bonda, ou dans un autre village : l’agence peut vous proposer de venir vous chercher en mini-van.

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Choisir son trek et se préparer avant le départ

Même si tout est très bien expliqué sur le site internet de Magic Tour, je pense qu’avoir un avis et des conseils d’un point de vue « client » n’est pas négligeable 😉.

Tout d’abord, vous avez le choix entre 3 parcours faisant respectivement 3, 4 et 5 jours de trek. Pour faire simple, le trek 3 jours est plus physique et c’est le plus cher, il faut un très bon niveau. Le trek 5 jours peut être intéressant, si vous pouvez vous le permettre niveau timing, n’hésitez pas. Enfin, le trek 4 jours coupe la poire en deux, le rythme est adapté à la grande majorité des marcheurs et reste à un prix raisonnable. C’est celui que nous avons choisi.
Je vous note ci-dessous les tarifs 2023 (ils ont augmenté depuis l’année dernière) :

  • Trek 3 jours : 618,30 € / personne
  • Trek 4 jours : 400,75 € / personne
  • Trek 5 jours : 469,45 € / personne

Une fois que vous avez choisi votre trek et sa durée, il faudra préparer votre sac pour emporter le strict minimum durant votre randonnée. Evidemment, si vous aimez les défis vous pouvez emporter la totalité de vos affaires mais, primero, vous risquez de souffrir du poids de votre sac. Le dénivelé est parfois important et votre sac deviendra un véritable fardeau. Segundo, les camps pour dormir sont compactes et vous n’aurez que peu de place pour vous installer : avoir tout votre matos peu vite devenir encombrant. Je vous note ci-dessous une liste des indispensables à avoir sur vous :

  • Deux paires de chaussures : vos chaussures de marche + une paire de confort pour les camps (sandales ou baskets)
  • Une gourde (très très important)
  • Des vêtements pour 4 jours + 1 t-shirt de rechange + 2 paires de chaussette de rechange
  • Votre pyjama et un gilet / veste pour le soir
  • Votre maillot de bain (il y a des zones où la baignade sera autorisée)
  • Un chapeau / casquette pour les plus sensibles
  • Un répulsif à insectes + de la crème solaire (pour ceux qui sont les plus sensibles)
  • Une lampe frontale (les départs sont parfois tôt le matin)
  • Votre trousse de toilette (n’emportez vraiment que le minimum) + une serviette de toilette + du gel hydroalcoolique (c’est toujours utile)
  • Un sac en plastique pour vos affaires sales ou mouillées
  • Vos papiers d’identité (bien protégés, vous n’en aurez besoin qu’en cas de pépin)
  • Votre appareil photo et votre caméra si vous en avez + leurs batteries de rechange
  • Votre chargeur de téléphone portable (c’est un peu la galère, mais il y a des prises pour recharger) + l’adaptateur.

Tout le reste est superflu, même si, de vous à moi, c’est déjà pas mal 😅.
Pour ce qui est de la nourriture : vous pouvez préciser à l’inscription si vous avez un régime spécial (végétarien, vegan, sans gluten …) ou si vous avez des allergies. Là-dessus, ils sont super ouverts, et compréhensifs.
Pour le dodo : ne vous attendez pas à du grand luxe, vous serez surement obligé de partager un lit ou de dormir dans un hamac, mais cela fait partie de l’expérience !
Pour la toilette : tous les camps ont des douches (froides) et de quoi vous laver les dents, le visage… Il y a toujours des toilettes en dur, aucun souci à ce niveau-là.

Pour tout ce que vous n’emportez pas : vous pouvez les laisser à l’agence. Il vous suffira de prévenir lors du retour que vous devez repasser à l’agence de Santa Marta pour récupérer vos affaires. Il n’y a aucun risque, le local où seront entreposées vos affaires est fermé à clef et … vous ne serez pas les seuls à déposer des sacs 😊.

Et bien … Je pense qu’avec tout ça, nous sommes prêts pour le grand départ

Le trek de la Ciudad Perdida

Mon but n’est pas de vous spoiler ni de rentrer en détail sur l’ensemble de notre trajet, néanmoins je vais vous expliquer rapidement les différentes étapes qui ont ponctuées ces 4 jours de rando pour que vous puissiez avoir un aperçu. Ceux qui sont là juste par curiosité, mais qui n’ont pas l’intention de tenter l’expérience pourront profiter un peu, et pour les autres, votre guide prendra le temps de vous expliquer en détail. D’ailleurs, en parlant de guide, je pense que nous avons eu le meilleur de tous : Nicolás. La plupart ne parlent qu’espagnol, mais ils sont accompagnés d’un traducteur anglophone pour que vous puissiez comprendre et interagir.

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Le plan du trek (ne cherchez pas, il n’est pas à l’échelle 😆)

Comme vous pouvez le voir juste ci-dessus, le parcours est ponctué de différents pics, plus ou moins abruptes, qu’il va nous falloir franchir pour atteindre la Ciudad Perdida. Cette dernière culmine à 1 200 mètres, rien de bien impressionnant me direz-vous ! Mais toute la difficulté se trouve dans l’endurance qu’il va nous falloir tenir.

JOUR 1 : Le départ de Santa Marta et une aprem de marche jusqu’à la casa Alfredo

Cette première journée débute à 09h00, nous quittons l’agence de Santa Marta en 4×4 avec quelques personnes qui feront partie de nos compagnons de route pendant les 4 prochains jours. Le véhicule nous emmène directement au village d’El Mamey.

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C’est le moment de faire connaissance avec notre guide : il nous explique l’organisation du trek, et les consignes à respecter. Rien de bien notable, tout est plutôt classique. Nous avons partagé le déjeuner avec notre équipe et c’est parti pour l’aventure.

Nous avons marché pendant environ 4 heures avant d’atteindre le prochain campement. Cette première marche peut être éprouvante pour certain, car il y a encore très peu d’arbres pour vous protéger du soleil. Nous avons avancé en pleine fournaise et malgré les stops réguliers pour faire une pause, nous sommes arrivés bien claqués au camp Alfredo.

En chemin nous avons croisé quelques villages fait de brics et de brocs, je vous en dirais plus un peu plus tard dans cet article. Nous atteignons le campement aux alentours de 17h : tout le monde choisi un lit et s’installe. Nous avions quartier libre jusqu’au service du dîner … à 17h30 ! Oui, c’est la première surprise, nous mangions TRÈS tôt !

Les repas sont généralement composés de féculent, souvent du riz, de la salade et une protéine avec des légumes mijotés. De mon côté c’était tofu, et mon acolyte alternait entre poisson et viande. Vous aurez également le droit au typique patacón dont je vous parlais dans mon premier article.
C’est également le moment où vous aurez sans doute besoin de recharger vos appareils électriques … bon, la photo se passe de commentaires, c’est un peu le bazar, mais chacun arrive à s’y retrouver. Par contre, ne pensez pas capter la 4G dans la jungle : il faudra vous préparer à couper le contact avec l’extérieur 😉. Si vraiment vous avez besoin de connexion, vous pouvez payer pour obtenir le code wi-fi sur les camps. Je ne sais plus quel était le prix, nous avons choisi de nous déconnecter totalement.

Chaque soir, juste avant de nous coucher, notre guide nous rassemblait pour un moment d’échange où il nous expliquait ce que nous avons vu la journée. C’est pour moi le gros point fort du trek, vous avez une vision historique et émotionnelle dans la randonnée.

JOUR 2 : De la casa Alfredo jusqu’à Paraíso

Réveil à 06h00, tout le monde doit être prêts à 06h30 pour entamer la marche ! Nous avons avalé notre petit dej : omelette, pain sucré et café et nous voici déjà avec nos chaussures de marche, sur les sentiers. Cette première journée complète va nous emmener plus profondément dans la jungle et nous en apprendrons davantage sur l’histoire de ce chemin et sur ses habitants.
D’ailleurs, le point fort de cette journée sera la découverte d’un village traditionnel, non loin de celui de Mutanzi.

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Aujourd’hui inoccupé, ce regroupement de maisons était peuplé par les Kogis. Ce peuple indigène semi-nomade est celui auquel appartient les personnes que vous croiserez tout au long de votre trek. S’ils sont semi-nomade, c’est parce qu’ils changent de pied-à-terre en fonction des saisons et des récoltes.

Les Kogis tu dis ? Attends ça me dit quelque chose !

Bien vu l’aveugle ! Je vous en ai déjà parlé dans mon précédent article. Les Kogis sont un des peuples descendants des Tayronas, le peuple indigène qui habitait la Colombie caribéenne avant l’arrivée des conquistadores.

Ils sont reconnaissables à leurs vêtements tout blancs ainsi qu’à leur sac, appelé mochila, qu’ils confectionnent à la main et qui leur sert pour récolter des herbes et autres graines. « Mochila » c’est la traduction espagnole pour « cartable« , « sacoche« . Les Kogis pratiquent l’agriculture et l’élevage, ils vivent de manière modeste et donne beaucoup d’importance à la communauté qu’ils forment. Pour se protéger, ils évitent les contacts économiques avec l’extérieur et s’auto suffisent. Surtout, la nature détient une importance capitale dans leur quotidien, ils se positionnent comme ses gardiens et vieille à ne prélever que le nécessaire pour assurer leur existence. Je pense qu’en ces quelques mots vous saisissez le fossé culturel qui nous sépare, néanmoins ils tolèrent que nous visitions leur terre : veillez cependant à les respecter, ainsi que leur environnement.

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Il me semble que jusque là je n’avais pas du tout évoqué le sujet des FARCs (Forces armées révolutionnaires de Colombie), pourtant, cet acronyme était le sujet phare des médias au début des années 2000. Je ne vais pas rentrer dans des explications géopolitiques trop complexes, mais je pense qu’il est important de noter quelques points pour que vous puissiez mieux comprendre.

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Au début des années 50, une guerre civile fait rage en Colombie : elle oppose le parti libéral de « gauche » et les conservateurs. Pour calmer les esprits, un coup d’état mène au rassemblement de ces deux partis. Seulement voilà, les plus radicaux, principalement sous idéologie communiste, refuse cette « paix » et forment les FARCs. Ils obtiennent l’adhésion de toute une partie de la population rurale (oubliée des politiques de l’époque) et petit à petit vont s’orienter vers des activités criminelles pour financer leur parti : ils contrôlaient la production de cocaïne et s’adonnaient à la détention d’otages pour récupérer des rançons. Sur ce dernier point, vous avez sans doute entendu parler d’Ingrid Betancourt.

Source : Getty Images

Attention néanmoins, à première vu, les FARCs semblent être de gros vilains méchants, il faut bien avoir en tête que tout n’est jamais tout blanc ou tout noir. Si les agissements criminels sont évidement à déplorer, les convictions politiques sont à nuancer. Le gouvernent colombien de l’époque n’étant pas irréprochable non plus. Qu’en est-il aujourd’hui ? Un accord de paix fût signé en 2016, et depuis 2017, les FARCs forme un parti politique légal sous réserve d’abandonner toutes activités criminelles.

Pourquoi vous parler de tout ça ? Tout simplement parce que la montagne de la Sierra Nevada fut pendant de nombreuses années le territoire des FARCs. Les Kogis étaient alors forcés de cohabiter avec cette force armée dont les préoccupations étaient bien éloignées de la préservation de l’environnement et de la culture indigène. C’est également pour cette raison que la randonnée a pendant très longtemps été totalement fermée au tourisme et qu’encore aujourd’hui, il est impensable d’y aller sans guide.

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Mais revenons à notre rando si vous le voulez bien 😊. Pour ce deuxième jour, nous atteignons le camp Mumake un peu avant 12h00. C’est ici que nous avons déjeuné et, certain se sont baignés dans le Río Buritaca, une activité bienvenue pour se détendre les muscles avant de reprendre l’ascension. La partie qui suit est de loin la plus simple : nous avons suivi le court de la rivière, il y avait très peu de dénivelé, la vue était dégagée, vraiment magique.

Et nous voici à la Cabana Paraíso, dernier camp avant la montée à la Ciudad Perdida. L’attente est dingue, mais il nous faudra faire preuve de patience, car nous n’entamerons pas l’ascension avant le lendemain matin. Pour être tout à fait exacte, ce camp n’est pas la Cabana Paraíso puisque cette dernière a été totalement détruite par un éboulement survenu quelques mois auparavant. Pourquoi ne pas reconstruire au même endroit ? Car ce drame avait déjà eu lieu, les Kogis étant très sensibles à ces signaux de la nature, ils en ont conclu que le camp n’était pas dans un endroit favorable et ont préféré le déplacer. C’est pourquoi, le refuge dans lequel nous avons dormi était très petit. Encore en construction, il ne pouvait pas accueillir tout le monde et nous avons du nous serrer pour pouvoir tous rentrer. C’est vrai que je ne vous l’ai pas précisé, mais en plus des autres groupes sous la houlette de Magic Tour Colombia, il y a également d’autres agences qui font le voyage avec vous : ce sont donc près d’une centaine de personnes qui se retrouvent dans un même lieu au même moment.

JOUR 3 : La Ciudad Perdida

Encore une fois, nous nous sommes levés avant l’aube pour pouvoir entamer la marche. Nous avons traversé le Río Buritaca en tyrolienne avant d’attaquer une montée très raide vers la cité.

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Mais les efforts ont été très rapidement récompensés : nous atteignons la première terrasse. Mais d’ailleurs je vous en parle depuis le début de cet article : c’est quoi au juste la Ciudad Perdida ?
Construite aux alentours de l’an 700 ap. JC. (soit plus de 600 ans avant le Machu Picchu), cette cite était occupée par les Tayronas (oui, le même peuple que le Parc Naturel de mon article précédent) et avait sans doute une vocation spirituelle et politique. Nous ne savons pas très bien combien de personnes pouvaient vivre dans cet espace : entre 1 500 et 8 000, mais nous pouvons tout de même voir les emplacements de leurs maisons. Chaque terrasse entourée de pierre formait les fondations des habitations.

Mais alors, que s’est-il passé ? Pourquoi cette cité s’est dépeuplée, pourquoi la qualifie t’on de « perdue » ?

Ça y est, je vois que j’ai piqué votre curiosité. Tout d’abord, les Tayronas ont eux-même disparu, c’est sans doute ce qui explique la raison pour laquelle cette cité s’est vidée. Et pour expliquer cela, les conquistadores ne sont pas innocents, vous vous en doutez. Avec l’arrivée de ces Hommes venus de l’Est, viennent les conflits d’intérêt et surtout, les maladies. En 1650, plus personne ne vit dans Teyuna (le nom de la cité utilisé par les indigènes) et celle-ci sombra petit à petit dans l’oubli, avalée par la jungle qui reprit ses droits.

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Oubliée ? Pas totalement, les Kogis et les Wiwas vivant dans la Sierra Nevada avoueront qu’ils connaissaient l’existence de la cité, qu’ils la visitaient de temps en temps mais qu’ils conservaient le secret pour éviter d’attirer des foules de curieux. Et … Ce qui devait arriver, arriva … Dans les années 1970 des individus que l’on appelle les guaqueros découvrirent un escalier avec des marches en pierre qui grimpait dans la montagne.
Kececé un guaquero ? C’est un terme espagnol (on trouve également celui que huaquero) qui désigne un individu spécialisé dans la chasse au trésor et le pillage de tombe datant de la protohistoire, dans les terres hispaniques. C’est assez précis puisqu’il dérive du terme « huaca » qui désigne une sorte de fétiche de cette période et zone géographique. Le gros souci, c’est qu’ils n’ont aucune vocation scientifique. Ils ont des méthodes destructrices et sont principalement animés par l’argent qu’ils pourraient se faire, plus que par l’intérêt historique de leurs découvertes.

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En arrivant sur le site, ils s’en sont donné à cœur joie ! Le site était sublime, mais ça, ils n’en n’avaient que faire, pour eux, ce qui était intéressant ce sont les richesses qu’il renfermait : des objets comme des poteries, des bijoux et surtout … de l’or ! La Ciudad Perdida fut donc associée à l’Eldorado, cette cité mythique qui regorgeait d’or et qui était ardument recherchée par les conquistadores au XVIème siècle.

Rapidement, le gouvernement eut vent de cette découverte et entrepris de protéger la zone, mais le mal était fait : la ville était vidée. Aujourd’hui, nous savons que la cité est bien plus vaste que la zone découverte, mais les autorités considèrent qu’il est préférable de ne pas continuer de déboiser la zone pour la protéger. De même, une famille Kogi y a été désignée pour être les gardiens de la Ciudad Perdida. Ils habitent dans une partie bien définie de la cité, dans des habitations traditionnelles : nous sommes allés à leur rencontre.

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Parmi eux, un individu détient un pouvoir tout particulier, c’est le Mamo. Un guide spirituel, une sorte de chef qui dicte les orientations à prendre pour la communauté. Il est désigné à la naissance et détient également les rôles de médecin et d’enseignant. Nous avons fait la connaissance de celui qui vit dans la Ciudad Perdida : il est reconnaissable avec son chapeau pointu.

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C’est également le Mamo qui décide quand un jeune garçon est prêt pour le poporo.

Le popo quoi ? 🤨

poporo

Le poporo ! C’est un objet sacré constitué d’une calebasse préalablement évidée. À l’intérieur on y dépose une poudre faite à partir de coquillage que l’on écrase à l’aide d’un morceau de bois. Cet objet symbolise le passage à l’âge adulte et est cédé lors d’une longue cérémonie. À quoi sert cette poudre de coquillage ? Elle est ensuite mélangée à une petite boulette de coca préalablement mâchée : la poudre de coquillage libère les principes actifs de la coca. Cet objet ne les quittera plus pendant toute leur vie.

Photo de Aitor Sáez – thisbigroadtrip.com

Aller, je vous partage la photo emblématique de la Ciudad Perdida avant de la quitter et de revenir sur nos pas …

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Je vais être très concise sur notre retour puisque nos avons simplement fait le chemin inverse : nous avons déjeuné à la Cabana Paraíso puis nous avons rejoint le camp Mumake pour dormir. Le lendemain 12h00 nous étions de retour à El Mamey pour se dire aurevoir.

C’est à ce moment que nous avons retrouvé la civilisation : la connexion 4G et le 4×4 qui nous a ramené à Santa Marta. Je ne vous cache pas que le choc fut un peu rude … Mais dans tous les cas, nous avions prévu de retourner dans la jungle : direction Minca !

Minca, le paradis des oiseaux

Nous devions obligatoirement repasser par Santa Marta pour aller récupérer nos affaires que nous avions laissées à l’agence. Le temps de tout réorganiser pour avoir le moins de paquetages possible, et nous voici en train de regarder comment rejoindre notre prochain step : Minca. Et là, une énorme flemme nous a envahi 😆 il faut dire que cela faisait 4 jours que nous n’avions plus à nous soucier de comment gérer nos déplacements, où trouver à manger, organiser nos journées … Nous avons demandé à la personne qui se trouvait à l’accueil de l’agence de nous appeler un taxi pour nous permettre de rejoindre Minca rapidement et sans encombre. Mais avant cela, il nous fallait trouver un ATM pour avoir suffisamment de liquide pour survire pour ces derniers jours : il n’y avait aucun distributeur à Minca.

Les transferts

Afin de rejoindre Minca, nous avons donc choisi l’option facile : prendre un taxi afin d’être assurés de ne pas arriver trop tard à notre hôtel et rater le check-in. Cela nous coûta 55 000 $ (environ 15 €) pour 43 min de trajet, pas donné mais … soit. Celui-ci nous déposa dans le centre de Minca, proche du pont. Mais, bien évidemment, ce n’est pas l’unique option : vous pouvez prendre un mini-van faisant régulièrement les trajets. Cela vous coutera seulement 13 000 $ (soit env. 3 €) mais … il ne part que lorsqu’il est plein, donc il ne faut pas être pressé. Dans les 2 cas, votre véhicule vous abandonnera dans le centre-ville. Il vous faudra rejoindre votre logement à pied.

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Dans notre cas, notre hôtel était un peu éloigné du centre, et … bien évidemment notre chauffeur de taxi avait pris soin de contacter ses copains les motobikes pour qu’ils puissent, eux aussi, tirer parti de cette course … Cela peut paraitre énervant, mais … après coup je ne regrette pas. Premièrement, je ne pense pas que nous aurions eu l’énergie pour rejoindre notre hôtel à 20 min à pied avec nos gros sacs et deuxièmement … Nous avons pu goûter à l’expérience motobike. Si vous ne vous souvenez pas de ce que c’est, rendez-vous dans mon premier article.

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Le logement

Pour cet ultime pied-à-terre en Colombie, nous avons opté pour l’hostel Alto de la Montaña. Alors, sans exagération, l’hostel n’était pas si « alto » que ça, nous étions à 750 mètres, mais par contre, depuis la terrasse commune, nous avions une vue sublime sur le sommet San Lorenzo.

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Notre chambre était correcte, le vrai plus était d’avoir une salle d’eau privée. En effet, après nos 4 jours en dortoir commun, avoir une douche à nous était un vrai luxe. Ensuite, ce qui nous a pas mal rendu service, c’est le restaurant intégré à l’hostel. En effet, le gérant se chargeait également de la cuisine. À la carte, uniquement des spécialités sud américaines et … il faut l’avouer, visuellement, c’est loin de ce que nous avons l’habitude d’avoir en Europe. Pour autant, le goût est bien là 😊.

Plat originaire du Pérou, il est composé
de saucisses taillées en rondelle
et de frites. Le tout est agrémenté
de fromage râpé et de sauces.



Un plat typique de la région de
Santa Marta : le Cayeye c’est une
purée de banane plantain agrémenté
d’une garniture au choix. Pour moi
ce sera des légumes sautés. Et toujours
cette dose de sauce et de
fromage râpé … 😆
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Il est vrai que cet hôtel était un peu loin du centre-ville, mais c’est le prix à payer pour avoir la tranquillité. Même si Minca est un petit village, son attrait touristique lui donne des airs de petite plaque tournante et les touristes vont et viennent sans arrêt … Nous étions bien dans notre montagne.

Cascadas de Marinka et Pozo Azul

Pour notre première journée à Minca, nous avons décidé de rejoindre les cascades de Marinka. Pour les atteindre, il vous faudra marcher pendant une bonne heure sur un sentier sinueux en pleine forêt. À l’arrivée, première surprise : l’entrée est payante. Pas grand-chose, 5 000$ (env. 1,20 €) mais nous n’avions pas du tout envisagé que cela puisse l’être.

Et ensuite se fut un peu la douche froide … Je ne vous conseillerai pas d’y aller, Marinka c’est un Center Park en moins artificiel, mais vous avez des zones de jeu pour les enfants, des restaurants, des cafés, et … Beaucoup de monde, énormément de monde … Je vais totalement transparente avec vous, nous sommes restés 15 min, nous n’avons même pas mis notre maillot de bain et nous sommes repartis, un peu dégoutés

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Notre seule consolation est d’avoir pu voir des singes hurleurs (ou hurleur roux) sur le chemin du retour. Ils ont un cri très puissant qui nous a bien surpris pendant les 10 premières minutes avant de lever la tête et de voir les petites tâches rousses dans les arbres.

Deuxième attraction majeure à Minca : le Pozo Azul. Depuis notre arrivée, tout le monde nous en parle, nous ne pouvions pas passer à côté. D’autant plus qu’il se trouvait à deux pas de notre hôtel. Nous avons donc décidé de nous lever tôt pour arriver dans les premiers à ce fameux Pozo (litt. puits, donc le Pozo Azul = le Puits Bleu) !

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Raté … Et j’avoue que là nous commencions à nous dire que Minca n’était vraiment pas un bon choix … Que ce village n’avait rien de la nature sauvage qu’il nous vendait. Nous sommes donc repartis aussitôt …

Les secrets de Minca

Mais vous nous connaissez, nous sommes convaincus que dans chaque lieu il y a des endroits peu fréquentés, de petites merveilles dont seuls les audacieux pourront profiter … Nous avons donc décidé de rejoindre une cascade que j’avais entraperçue la veille. Sur le chemin, nous entendons une multitude de cris d’oiseaux : et c’est vrai, Minca est un véritable paradis pour les ornithologues.

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Et nous voici à la cascade perdue, un véritable lieu de paix où nous étions seuls, littéralement solo alors que tout le monde s’agglutine au Pozo Azul : un vrai plaisir. Je ne vous dirai pas où elle se trouve pour garder le secret 😉.

Nous sommes ensuite rentrés à notre hôtel, pour nos derniers instants en Colombie et … comme pour nous dire au-revoir, de petits colibris sont venus s’abreuver sur la terrasse de notre hôtel.
Tout ça pour vous dire : ne vous laissez pas avoir à Minca, ne perdez pas votre temps à aller voir les « must see » de la ville, mais aller plutôt explorer, marcher, découvrir les alentours … Vous y gagnerez obligatoirement.

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Et c’est ainsi que se termine notre voyage en Colombie. Nous sommes ensuite montés dans un mini-van pour retourner à Santa Marta afin de grimper dans un bus qui, au cours d’un long et éprouvant voyage de 10h, nous ramena à Bogotá. Et c’est de retour à notre point de départ que nous nous sommes enregistrés pour notre vol retour, direction Paris.

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J’espère que cette série vous a plu, et que ce dernier article n’était pas trop long … J’avais beaucoup de choses à dire … 😊


Fiche pratique :

Monnaie : le Peso colombien ($)
Coût moyen d’un repas au restaurant : 3,50 € (contre 15 € en France)

Langue : espagnol

Heure :
– 7 heures par rapport à la France (en été)
– 6 heures par rapport à la France (en hiver)

Météo : la Colombie est un pays assez stable selon les mois

  • Décembre, janvier, février : entre 10°c et 32°c
  • Mars, avril, mai / octobre, novembre : entre 11°c et 32°c
  • Juin, juillet, août, septembre : entre 11°c et 33°c

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