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La magie de l’Est ⚗️- 3 jours à Prague : 1/3

Juin 2023

Une fois n’est pas coutume, me revoici après plus de 3 mois d’absence. Il s’est passé des millions d’évènements depuis l’écriture de mon dernier article, mais … faisons les choses dans l’ordre 😊. Il faut absolument que je vous parle de notre semaine en Europe de l’Est au printemps 2023.

Tout d’abord, Europe de l’Est c’est un grand mot. Pour tout vous dire, j’avais, depuis plusieurs années dans ma « to do list« , les villes de Prague et de Budapest. D’ailleurs pour ceux qui ne le sauraient pas, cette « to do list » est directement accessible sur ce blog : c’est ici et j’y note mes envies et mes prochaines destinations. C’est sur cette page que les villes de Prague et Budapest dormaient depuis de nombreux mois, dans l’attente de trouver le bon moment. D’où vient cette envie de visiter ces deux endroits ? Et bien … c’est tout bête, il y a un peu moins de 10 ans, ces deux villes étaient vraiment au top de la tendance, tout le monde s’organisait des petits citybreaks dans ces pays à la fois accessibles et dont les villes étaient relativement petites pour être parcourues sur un temps court. C’était également des destinations prisées pour les EVG et autres soirées en tout genre … Ça l’est toujours, mais j’ai l’impression que la tendance se tarit un peu.
De mon côté, deux choses étaient notées dans mes « goals » : l’horloge astronomique de Prague, le côté conte de fées qui semble se dégager de la ville, et le parlement de Budapest, que je considère comme l’un des plus beaux bâtiments d’Europe.

Alors, quand une petite semaine de vacances a pu se dégager, nous avons décidé de nous envoler pour la République Tchèque et en profiter pour voir ses voisines : la Slovaquie et la Hongrie. Vous le savez sans doute, ces trois pays font partie de l’ex bloc soviétique et en conserve un héritage indéniable. Néanmoins, même si tous les trois n’ont pas le même sentiment vis-à-vis de cette période, vous ne verrez que très peu de trace de l’ex URSS. Nous en parlerons un peu plus par la suite …

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Programme en 1 coup d’oeil :

  • J1 – Vendredi 9 juin : Départ Orléans prévu 20h00 – Aéroport Charles De Gaulle (00h00)
  • J2 – Samedi 10 juin : Départ Aéroport Charles De Gaulle (06h00) – Arrivée Aéroport de Prague-Václav-Havel (09h35). À peine arrivés, direction le château sur les hauteurs de Prague. Puis, direction le centre-ville pour dîner en passant devant le mur Lenon. Découverte du pont Charles pour la première fois.
  • J3 – Dimanche 11 juin : Réveil à l’aube pour découvrir davantage le centre-ville : la Place de la Vieille Ville, l’Église de Notre-Dame de Týn et l’Horloge astronomique. Journée dans le quartier juif avant de bénéficier d’une initiation à l’alchimie.
  • J4 – Lundi 12 juin : Nous montons dans un train de la Main Station à 08h00, direction Kutná Hora pour découvrir le fameux Ossuaire de Sedlec. Retour à Prague en début d’aprem pour visiter le Clementinum. Petite bière en centre-ville et escapade nocturne au Sanctuaire Notre-Dame-de-Lorette.
  • J5 – Mardi 13 juin : Départ gare routière de Praha-Florenc (09h35) – Arrivée Poprad Bus Station (avec 1h30 de retard : 19h35). Marathon pour rejoindre l’Aéroport Poprad-Tatras afin de récupérer notre voiture. Découverte des paysages slovaques sur le trajet jusqu’à notre logement à Nová Lesná.
  • J6 – Mercredi 14 juin : En route pour Štrbské Pleso pour une journée de rando dans les Tatras.
  • J7 – Jeudi 15 juin : Petit shot d’adrénaline à Suchá Belá avant de rejoindre le somptueux château de Spiš. Retour à l’Aéroport Poprad-Tatras pour rendre la voiture et direction la station de bus de Poprad.
  • J8 – Vendredi 16 juin : Départ Station de bus de Poprad (00h50) – Arrivée Népliget Autóbusz (06h30). Petit tour en centre-ville : Basilique Saint-Étienne et bien sûr, le Parlement de Budapest. Puis, direction le Musée national hongrois avant de découvrir le Château de Vajdahunyad. Petit tour au Bastion des pêcheurs avant de finir la journée au Street Food Karavan.
  • J9 – Samedi 17 juin : Retour au Bastion des pêcheurs à la fraîche. Direction le Palais de Buda pour la fin de matinée. Montée dans le train à crémaillère à Fogaskerekű jusqu’à Széchenyihegy pour prendre le train des enfants jusqu’au Belvédère Élisabeth. Retour à Budapest pour prendre un verre dans un Ruin Bar puis direction la citadelle pour avoir une vue de nuit imprenable sur la ville.
  • J10 – Dimanche 18 juin : Départ Aéroport international de Budapest-Ferenc Liszt (11h20) – Arrivée Aéroport de Paris-Charles de Gaulle (15h05).

Vidéo complète de notre périple : juste ici

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Prague : la ville aux cent clochers

Nous commençons par la République Tchèque (ou la Tchéquie, visiblement les deux sont acceptés) : je ne veux pas dire de bêtises, mais il me semble que c’est le plus jeune pays d’Europe puisque son indépendance vis-à-vis de la Slovaquie a été prononcé en 1993. Car oui, vous l’avez sans doute déjà entendu, mais auparavant nous parlions de la Tchécoslovaquie et encore bien avant, nous parlions du Royaume de Bohême. En somme, ce territoire totalement enclavé et dépourvu de frontière maritime, a connu de nombreux bouleversements passant sous plusieurs dominations avant de connaitre l’indépendance.

Deux petites secondes Charlotte, le royaume de Bohême ? Comme les bohémiens d’Esmeralda ?

Alors, oui, mais depuis le mot a pris quelques libertés. À l’origine l’adjectif bohémien désigne une personne qui vient de ce territoire. Avec les migrations, le terme est devenu quelque peu péjoratif afin de désigner une personne qui vagabonde, vivant comme un artiste, sans se soucier du lendemain. Pour autant, rien ne justifie que les personnes que l’on désigne comme « bohémien« , nomade et artistes de rue, soient originaires du Royaume de Bohême … Un raccourci un peu facile et encouragé par le racisme de l’époque.

Mais reprenons le fil : la République Tchèque a connu de nombreuses péripéties et, ce qui ressort, en premier lieu, est qu’elle a pendant longtemps connu des dominations diverses avant d’enfin voler de ses propres ailes. Pour que ce soit plus limpide, je vous ai fait une petite frise ci-dessous

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Évidemment je n’ai noté que les évènements majeurs et qui seront des repères pour la suite de cet article. Maintenant que nous avons posé ces bases, attaquons les choses sérieuses.

Les transferts

Aller hop ! Vous poserez sans doute vos premiers pieds à Prague dans l’Aéroport de Prague-Václav-Havel. D’ailleurs pour info, Václav Havel est un ancien président tchèque, figure de la sortie du communisme et l’un des acteurs de la révolution de Velours. Fermons la parenthèse, il n’y a pas trouzmille manière de rejoindre le centre-ville : il vous faut dans un premier temps grimper dans le bus 119. Le ticket est au tarif de 32 Kč (soit environ 1,26 €) et vous pourrez l’utiliser pour toutes vos correspondances pendant 1h30. Pratique puisqu’une fois arrivé à Nádraží Veleslavín vous allez devoir vous diriger vers la bouche de métro pour prendre la ligne A en direction de Sídliště Barrandov. A vous, ensuite, de vous arrêter à l’arrêt le plus pratique pour rejoindre votre logement.

Le logement

Pour votre pied-à-terre, vous avez deux choix :

  • Soit vous optez pour un logement dans la Vieille Ville, vous assurant la proximité avec le cœur battant de Prague. C’est ici que se trouve tous les bâtiments historiques mais, également les hordes de touristes et les terrasses de bar / restaurants pleines à craquer. Un conseil : si vous choisissez de loger dans ce quartier, éloignez-vous de la place de la Vieille Ville pour découvrir un Prague plus authentique.
  • Soit vous pouvez loger dans Malá Strana : c’est le quartier du château. Bien plus paisible, Malá Strana vous offrira tout autant d’authenticité : petites ruelles pavées, monuments historiques, coins de verdure … Par contre, il faudra vous attendre à marcher régulièrement pour rejoindre le centre-ville. Vous l’avez compris, nous avons opté pour cette solution sans vraiment connaître les spécificités de chaque quartier et … nous ne regrettons absolument pas.
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Notre logement s’appelait l’Hostel Little Quarter, une auberge de jeunesse plutôt spacieuse sur plusieurs étages. Nous étions dans une chambre assez grande avec salle de bain et WC en commun avec le pallier de l’étage, c’est-à-dire 3 chambres au total : ça reste raisonnable. Le personnel est vraiment sympathique et niveau localisation, c’est difficile de faire mieux 😊.

Un château qui surplombe la ville

À peine arrivés nous nous sommes tout de suite dirigé vers les hauteurs de Malá Strana afin de rejoindre le château de Prague. Ce très large ensemble d’édifices est en réalité une enceinte fortifiée qui fut la résidence des rois de Bohême, des empereurs et des présidents qui se sont succédé au fil des changements de régime.

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Source : passionsvoyages.free.fr

Le château se décompose en plusieurs parties qui vous seront accessibles avec le billet de base. Ce dernier vous coûtera 250 Kč (environ 10 €). Vous pouvez bien sûr opter pour une visite guidée mais, cela vous sera facturé 60 € / personne et vous obligera à réserver à l’avance. Au contraire, vous pouvez vous balader dans l’enceinte et dans les jardins du château sans billet, mais vous ne pourrez pas entrer dans les différents bâtiments.

L’entrée dans le château se fait via la porte Matthias, à l’extrémité Ouest. Prenez quelques instants pour observer cette porte monumentale du style baroque. Elle ressemble à un arc de triomphe si tant est qu’elle présente, sur ses deux colonnes, deux énormes statues de titans. C’est également à ce niveau que s’effectue la relève de la garde aux alentours de 12h00.

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Une fois arrivé dans la 2ème cour, vous trouverez la billetterie : la guichetière vous invitera à traverser une nouvelle rangée de bâtiments pour commencer la visite dans la 3ème et la plus grande cour.

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La Cathédrale Saint-Guy

Et là, bim ! Vous ne pouvez pas la rater, vous arriverez en face de la porte de la Cathédrale Saint-Guy. Cette dernière est tellement haute que vous ne pourrez pas avoir assez de recul pour la prendre en photo en entière : 82 mètres pour les deux tours en façade.

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Elle est de style gothique et l’ensemble de sa construction s’est étalée pendant 6 siècles pour se terminer en 1929. À l’intérieur vous trouverez de magnifiques vitraux dont un représentant la légende de Cyrille et Méthode et confectionné par le célèbre artiste tchèque : Alphonse Mucha.

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A l’extérieur, vous remarquerez sans doute le petit bâtiment en bas à gauche : il s’agit de l’ancienne résidence du prévôt de la Cathédrale. Kécecé un prévôt ? C’est en gros le boss de la Cathédrale, la personne la plus importante, le supérieur.

Ce qui frappe également c’est la mosaïque du tympan de la Porte d’Or. Elle représente la scène du jugement dernier et est tout simplement impressionnante. À sa gauche vous avez l’énorme Tour Sud, la plus haute du bâtiment avec 96 mètres, c’est la résidence de la cloche Sigismond : la plus grande cloche tchèque. Vous remarquerez également la grille dorée de style renaissance qui étincelle à la lumière du soleil.

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Continuons dans la 3ème cour pour découvrir le prochain bâtiment remarquable, juste après la passerelle du taureau.

L’Ancien Palais Royal

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Comme son nom l’indique, ce bâtiment fut la résidence du roi jusqu’au XVIème siècle. Ce qui est particulièrement marquant c’est la salle Vladislav : issue du mouvement gothique tardif, elle se remarque par ses magnifiques voûtes.

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Tableau d’Eduard Gurk représentant le couronnement de Ferdinand Ier d’Autriche en tant que roi de Bohême

Autrefois, elle était le lieu de couronnement des monarques tchèques. Aujourd’hui, la salle est utilisée pour les cérémonies et les rassemblements officiels. D’ailleurs en parlant de couronnement, c’est dans ce bâtiment que vous pourrez voir des reproductions des joyaux de la couronne de Bohême : la couronne de saint Venceslas, le sceptre et le globe impérial. Les originaux sont conservés dans la Cathédrale.

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La Basilique Saint-Georges

Aller, on continue dans la 3ème cour pour se diriger vers la Basilique Saint-Georges. Vous ne pouvez pas manquer ce bâtiment : il arbore une jolie façade baroque de couleur rouge qui dénote avec le reste des constructions. Cette dernière n’est pas d’origine et a été installée au courant du XVIIème siècle.

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Comme son nom l’indique, cette basilique est dédiée à Saint Georges : saint patron des cavaliers et des scouts. Dès que vous passerez les portes, vous serez surpris par le changement d’architecture : en effet, tout l’intérieur est dans un style roman très sobre qui dénote. La pierre utilisée est une pierre calcaire très blanche ce qui donne à cette basilique un aspect très clinique.

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Chapelle de droite, accueillant la tombe de sainte Ludmila de Bohême

La ruelle d’or et la Tour blanche

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Dirigeons-nous vers la partie Est du château, ici les constructions sont plus petites et il vous faudra bifurquer sur votre gauche pour pénétrer dans la Ruelle d’Or. Cette partie du château est accessible avec votre billet en journée, mais vous pouvez la traverser gratuitement dès 18 heures.

Le premier bâtiment vous permettra de parcourir une partie du mur d’enceinte nord jusqu’à la Tour blanche. Vous y trouverez une petite exposition sympathique, plus ou moins fidèle, sur la période médiévale.

Dirigez-vous ensuite dans la Ruelle d’Or pour y découvrir ses petites maisons de toutes les couleurs. La légende raconte que sous l’empire de Rodolphe II (prince de la maison de Habsbourg : 1576 – 1612) ce dernier y logeait ses alchimistes pour les charger de produire de l’or : d’où le nom de cette rue. En vérité, elles étaient habités par les domestiques avant d’être le lieu de résidence des 24 archers gardiens du château. Et ce n’est que par la suite qu’elle accueillît les orfèvres qui préféraient élire résidence ici afin d’échapper à la taxe imposée par la Guilde dans les villes de Bohême.

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Aujourd’hui les maisons sont soit devenue des boutiques, soit des reconstitutions d’intérieurs populaires modestes au travers les âges.

La Tour Daliborka

Tout à l’Est de la ruelle d’Or se trouve une porte par laquelle je vous invite à sortir. Juste ici vous trouverez une tour qui servait jusqu’en 1871 de prison.

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Son nom lui vient du premier prisonnier qu’elle accueillît Dalibor de Kozojed, en 1498. La raison de son emprisonnement est un peu futile, mais je vous la raconte quand même : il fut condamné pour avoir encouragé à se révolter et hébergea sur ses terres des sujets/domestiques appartenant à son voisin. Cause ou conséquence, la Tour Daliborka a triste réputation : elle était soit disant utilisée pour emprisonner des ennemis en les privant de nourriture. Légende ou réalité ? Toujours est-il qu’aujourd’hui elle montre une sympathique exposition d’instruments de torture … 😏

La porte de la Tour Noire

Revenons un petit peu en arrière : retraversez la Ruelle d’Or et reprenez la direction de la 3ème cour. Tournez sur votre gauche pour atteindre la porte Est. D’ici vous aurez une vue imprenable sur la ville et vous pourrez emprunter le vieux escalier vous faisant longer les vignobles de saint Venceslas, l’un des plus anciens de Bohême.

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Les jardins

A ce niveau, vous aurez parcouru la quasi intégralité du Château de Prague, mais il reste une partie importante : les jardins. Je vous conseille d’y consacrer au minimum 30 min pour profiter des vues qu’il peut offrir. Dirigez-vous dans un premier temps dans le jardin sud : Zahrada Na valech, qui veut littéralement dire « Jardin sur les remparts« , et faites un détour au Jardin Pálffy.

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Entrée de la passerelle du taureau

Je vous conseille ensuite d’emprunter la passerelle du taureau pour rejoindre la 3ème cour. C’est ce petit escalier qui semble sorti de nulle part en plein milieu de cette énorme façade. Une fois que vous avez rejoint l’esplanade de la Cathédrale Saint-Guy, continuez vers le nord pour rejoindre le Pont Poudrier. De là, vous accéderez au jardin Royal et au plus beau bâtiment du château, selon moi 😁.

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Le Pavillon du jeu de paume (ou la salle de bal) est un bâtiment situé à l’extérieur de l’enceinte du château, directement dans le jardin. Il est déconnecté des différentes cours et longe la fosse aux cerfs. Il fut construit au XVIème siècle et servait à l’origine, et comme son nom l’indique, à accueillir les joueurs du jeu de paume. Ensuite, les évènements l’ont un peu torturé : fondations mal assurée, incendie, destruction et reconstruction hasardeuse …

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En 1945 le bâtiment se prend un tir d’obus qui en détruit la majeure partie. C’est en 1952 que les plus importants travaux vont restaurer le bâtiment dans sa vision originelle et que le sgraffite Renaissance sera reproduit. Originelle ? presque, les artisans ont ajouté une silhouette affichant une faucille et un marteau à l’intérieur d’une roue dentée et en compagnie du chiffre « 5 » (en rapport avec le plan quinquennal, plan de répartition des ressources communiste).

Qu’est-ce que c’est qu’un sgraffite au juste ? C’est une technique d’ornement architecturale qui eut ses heures de gloire pendant la période Renaissance / Art Nouveau. Il suffit de se baser sur un bâtiment avec un induit noir ou coloré et d’y appliquer une couche de chaux. Il faut ensuite griffer cette deuxième couche pour en réaliser des gravures. Je trouve ça tout simplement magnifique.

C’est ici que se termine notre visite du château : il est temps maintenant de découvrir la suite, car Prague est très très loin de nous avoir montré toutes ses richesses.

Un musée à ciel ouvert : quartier par quartier

Je vais être honnête avec vous, je n’ai pas trouvé de bonne logique pour vous lister tout ce que vous pouvez voir à Prague : la ville regorge de pépites cachées et elle est tellement petite que le meilleur moyen de la visiter est de vous laisser porter au grès des rues. Quand je regarde notre itinéraire … Nous avons clairement papillonné.
Néanmoins, pour que vous puissiez à peu près vous repérer, je pense que je vais fonctionner par zone, depuis Malá Strana & Holešovice jusqu’à Nové Město. Je ferai une sous-partie consacrée exclusivement au quartier juif, comme je viens de le faire pour le château, puisqu’il demande, selon moi, une bonne demi-journée de visite.

Malá Strana & Holešovice

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Le Lennon Wall

Commençons par la partie Ouest avec les deux quartiers de Malá Strana et Holešovice. Premier stop : le Lennon Wall. Il s’agit d’un mur dédié à l’expression artistique dont les premiers graffs ont été posés en 1968 en réaction au régime soviétique.

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L’oiseau d’Azram Ramz (Slovénie) et le portrait de Boris Bare (Croatie)

Il devient un monument symbolique en 1980, à la mort de John Lennon dont on lui affubla le nom. Les messages de paix, d’amour et de libertés se multiplièrent malgré les actions du régime pour stopper ce mouvement, notamment en repeignant le mur régulièrement. Aujourd’hui, ce mur reste un symbole de lutte contre le régime totalitaire, même s’il ressemble plus à un gros gribouillis.

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Portrait de John Lennon par Lenka Brázdilová (République tchèque)

Avant notre venue, le mur avait été entièrement repeint en 2022 par 27 artistes européens : slovène, lituanien, croate, letton, finlandais et j’en passe + 2 invités : ukrainien et norvégien … À l’occasion de la présidence tchèque du Conseil de l’Union européenne.

Je vous conseille de parcourir les différentes rues de Malá Strana, car le quartier est vraiment magnifique. D’ailleurs, en partant du Lennon Wall, je vous conseille d’emprunter la rue Na Kampě, celle qui passe sous le pont Charles. De notre côté, nous allons nous diriger plus au nord pour découvrir le Parc Letna.

La Machine du Temps
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Ce sera difficile de passer à côté, il est visible depuis le centre-ville : je vous invite à rejoindre l’énorme métronome. Pour ce faire, vous devez emprunter le pont Svatopluk Čech et monter quelques marches afin de rejoindre l’esplanade. Vous découvrirez un lieu souvent dédié à la fête et aux manifestations musicales et surtout un point de vue magnifique sur la ville et sur son fleuve : la Vltava.

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Mais si je vous parle de ce lieu, c’est parce qu’il est un véritable témoin de l’histoire de la Tchéquie. Toute l’esplanade autour de vous a vu le jour pendant la période soviétique, et à la place de l’énorme métronome : il y avait une énorme statue de Staline.

Bon, plutôt intéressant me direz-vous, mais des statues à la gloire de l’URSS il y en a eu plusieurs, et … il n’en subsiste que très peu au final. Oui, sauf que celle-ci est particulièrement cocasse. C’est en 1949 que l’on décide de construire cette représentation du dirigeant soviétique avec un groupe de huit personnes : 4 représentants du peuple soviétique et 4 représentants du peuple tchécoslovaque. Seulement voilà, notre bon vieux Staline décède en 1953 alors que la statue termine sa construction en 1955, raté. Et pire encore, le décès du dirigeant marque la période de déstalinisation par Nikita Kroutchev : plus aucune raison de conserver cette statue qui diffuse un véritable malaise … En 1962, BOUM, les tchécoslovaques font tout péter : 6 ans de construction, 7 ans d’existence.

Aujourd’hui, le lieu joue un peu de cette histoire, les tchèques se donnent rendez-vous chez Staline pour aller boire un verre en écoutant le DJ qui se produit sur l’esplanade. À la place de la statue, l’artiste Vratislav Karel Novák a installé sa « Machine du temps » en 1991, un métronome géant avec un moteur (qui ne fonctionnait pas lors de notre venue) symbolisant la fuite inexorable du temps.

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Vous remarquerez le graph de part et d’autre du métronome : un renard qui subit le temps et que je trouve particulièrement cool

Staré Město ou la vieille ville dynamique de Prague

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Vous l’aurez compris, le centre historique de Prague est la zone qui bouge le plus dans cette ville. Il concentre la plupart des monuments historiques et bénéficie de nombreux commerces pour attirer le tourisme.

Le pont Charles

La première étape pour rejoindre la vieille ville est de traverser la Vltava : plusieurs ponts permettent ceci, mais il y en a un d’incontournable : le pont Charles. Vous serez prévenu tout de suite, de 09h30 à 23h00, le pont croule sous les piétons, c’est à se demander comment il tient encore debout. Néanmoins, vous aurez sans doute l’occasion de le traverser plusieurs fois : essayer de vous y rendre au moins une fois de bon matin 😊.

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Le pont Charles à 08h00 du matin, un dimanche

La première pierre du pont Charles fut posée en 1357. Néanmoins, avant lui se tenait le pont Judith (qui était, par ailleurs, le seul pont de la ville) et qui fut emporté par la fonte des glaces en 1342. Il était donc essentiel de reconstruire une liaison entre les deux parties de la ville. On le nomma tout d’abord « pont de pierre » puis « pont de Prague », il prit son nom actuel à partir de 1870 en hommage à Charles IV. De manière générale, le XIVème siècle fut une période de grandes constructions pour la capitale tchèque : je vous invite à reprendre la frise chronologique en début de cet article.

Mais qu’est-ce qu’il a ce fameux pont ? Et bien tout d’abord, il est entièrement piéton depuis 1974 et ce qui est remarquable dès les premiers instants, ce sont ses statues qui ponctuent le trajet. Au total ce sont 30 statues qui ont été installées au XVIIème siècle. La première, celle de Jean Népomucène a été construite en 1683 et rend hommage à ce prêtre qui fut jeté à l’eau par Venceslas IV. Mort en martyre, la statue est désormais l’objet de superstition : si vous posez votre main gauche sur la base de la statue vos vœux seront exhaussés (parait-il 😉).

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La statue de Jan Nepomucký (Saint Jean Népomucène)

Je ne vais pas me lancer dans une énumération de toutes les statues, d’autant que ce ne serait pas des plus intéressant : pour résumer, ce sont des figures religieuses importantes de l’Église Chrétienne (majoritairement catholique, mais aussi orthodoxe), parfois seul, parfois en groupe, parfois accompagnée d’une représentation de Notre-Dame (la Vierge Marie). Vous verrez également une scène du Calvaire (le lieu où Jésus fut crucifié) et une scène de la Pietà (représentation de Marie tenant son fils au moment de la descente de croix). Tout un programme ! Vous verrez également une composition des deux saints patrons de la médecine et de la pharmacie : Côme et Damien, accompagné de Jésus, ainsi qu’une statue de Judas, oui oui.

Au final, toutes ces statues donnent un aspect un peu étrange à ce pont puisqu’on a le sentiment que l’ensemble de ces figures nous regarde le traverser, sans bouger.

Le Clementinum

Une fois le pont traversé, vous voici dans la Vieille Ville, et le premier bâtiment que vous verrez sur votre gauche est le Clementinum. Sous son nom d’agrume se cache en réalité une chapelle, transformée en collège par les jésuites au fil des années : la chapelle et le collège Saint-Clément de Prague, d’où le nom de Clementinum 😉. Ce lieu était pour moi l’un des incontournables puisqu’il abrite une bibliothèque de style baroque tout simplement féérique.

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Pour la visiter, il faudra vous rendre juste à côté de la Chapelle aux miroirs : juste ici afin d’obtenir votre billet. Le prix est de 300 Kč (env. 12€) et comprend la visite de la bibliothèque et de la tour astronomique.

Créée en 1727, cette bibliothèque impressionne par son nombre de livres, mais aussi et surtout, par sa décoration. Alignés au centre de la pièce, vous avez une succession de globes terrestres et célestes confectionnés par des cartographes et mathématiciens de renom. Le plus gros, tout au fond de la pièce, est un globe astronomique et a été créé par Caspar Pflieger qui est le premier administrateur du Musée de mathématiques du Collège Saint Clément.

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Vous ne pouvez pas passer à côté, lorsque vous relevez un peu la tête. Cette immense fresque créée par Jan Hiebl montre des scènes du Nouveau et de l’Ancien Testament, la représentation de la science et, au milieu, le Temple de la Sagesse.

La visite se poursuit dans la Tour astronomique, je vous laisse le plaisir de la découverte : vous y verrez de nombreux instruments de mesure astronomique et météorologique. L’observatoire a été fondé en 1750 par le scientifique et prêtre jésuite Josef Stepling. Tout en haut de la tour vous pourrez profiter d’une vue magnifique sur la ville.

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Vue sur l’Église de Notre-Dame de Týn et sur la tour de l’horloge astronomique
La place de la Vieille Ville

Continuons notre exploration en slalomant dans les ruelles en direction de la place de la Vieille Ville. Les bâtiments somptueux s’enchaînent et j’aimerais juste faire une petite halte sur celui-ci : la Maison à la Minute. Vous reconnaîtrez les dessins sur la façade : et oui, c’est bien du sgraffite 😉.

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Pourquoi un tel nom ? On y vend des montres ? Et non, auparavant elle abritait une pharmacie qui vendait du tabac (oui, ça semble étrange de nos jours), les clients voulaient se restocker rapidement en tabac : La Pharmacie à la Minute. Mais l’anecdote importante de son histoire est qu’elle était la maison de Franz Kafta pendant 7 années de son enfance.

Bon Charlotte, ça fait 2 fois que tu nous parle de ce boug sans nous dire qui il est …

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Ok, toutes mes excuses, Kafka est sans doute l’artiste le plus reconnu en République Tchèque. Écrivain romancier et nouvelliste, il est né en 1883 et marqua le XXème siècle par son œuvre. On reprend notre petite frise : à l’époque la Tchéquie était sous domination Austro-hongroise. Kafka est né dans une famille juive, cela ne se retranscrit pas dans ses écrits, mais il subira les persécutions de son peuple. Ses différents romans nous parlent des dérives de la société moderne et l’aliénation de la bureaucratie sur le libre arbitre de l’individu. Il mourut avant ses parents, en 1924, à l’âge de 40 ans d’une tuberculose du larynx, ses 3 sœurs sont décédées dans les camps de la mort pendant la seconde guerre mondiale.

Photo ci-dessus : Franz Kafka en 1923

Bon, maintenant que j’ai bien plombé l’ambiance … 😅 je vous invite à poursuivre la visite : prochaine étape, l’Horloge Astronomique. I.M.P.O.S.S.I.B.L.E. de passer à côté, c’est sans doute le monument le plus connu de République Tchèque.

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Comme vous pouvez le voir, cette construction présente beaucoup, beaucoup de détails.
Déjà, qui l’a construite et pour quoi faire ? L’histoire commence mal, car aujourd’hui encore, il y a débat sur l’auteur de cette horloge … 🫠. Certain attribue l’œuvre à Jan Růže (Hanus de la Rose ou Maitre Hanuš), mais, il semblerait que le véritable auteur soit Mikuláš de Kadaň aidé par le scientifique Jan Šindel en 1410. C’est 80 ans plus tard que Hanuš effectua plusieurs remaniements sur l’horloge.
Vous croiserez sans doute, au détour de quelques pages web, une légende selon laquelle Hanuš aurait reçu une commande pour créer une autre horloge dans une autre ville. Les magistrats de Prague ayant appris la nouvelle décidèrent de crever les yeux de l’artiste pour l’en empêcher. En contrepartie Hanuš décida de dérégler l’horloge de Prague afin qu’elle cesse de fonctionner le jour de sa mort.

Bon, vous aurez sans doute fait le parallèle avec la légende de la Cathédrale Basile-le-Bienheureux en Russie … Je pense qu’il est évident que ces histoires sont intéressantes, mais à prendre avec précaution. Mais ! Ce qui est vrai dans tout ceci c’est que l’Horloge Astronomique de Prague a la fâcheuse tendance de se dérégler et de s’arrêter ce qui lui a fallu de subir de nombreux travaux et remaniement.

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Il faut dire que le mécanisme sur lequel elle fonctionne est particulièrement complexe. Son objectif est, bien évidemment, de mesurer le temps, mais aussi de représenter le mouvement des corps célestes, selon le système géocentrique de Ptolémée. Selon ce dernier, c’est la planète Terre qui est au centre de l’univers, il a donc tenté d’expliquer le mouvement des planètes à partir de ce postulat et … le résultat est pour le moins … Artiste. Je vous mets sous ce lien une vidéo vous montrant le mouvement du système solaire géocentrique. Ensuite, l’horloge vous donne :

  • L’heure locale, ça parait logique, elle est visible grâce à la main dorée sur les chiffres romains : sur la photo ci-dessous il était 13h
  • L’heure en douzièmes de jour, ou en heure Talmudique, je ne vais pas rentrer dans les détails, mais c’est un système basé sur 12 heures de jour, que l’on soit en été ou en hiver : sur la photo ci-dessous il était bientôt 8h, 5h avant le coucher du soleil.
  • L’heure en anciennes heures tchèques, désignée par la main dorée sur les chiffres gothiques : sur la photo ci-dessous il était 7h
  • La position du Soleil dans le ciel, indiquée par le petit soleil, toujours aligné à la main : sur la photo ci-dessous le soleil commençait tout juste à baisser
  • La position de la Lune dans le ciel, on la voit sur la petite boule à moitié blanche, à moitié noire : sur la photo ci-dessous, la lune se couchait
  • La phase lunaire, traduit par les deux couleurs sur la boule : sur la photo ci-dessous, nous étions au dernier quartier de lune
  • Le signe astrologique zodiacal dans lequel nous sommes (ainsi que le décan) : sur la photo ci-dessous, nous étions en gémeau, 3ème décan.
  • Le temps sidéral, indiqué par la petite étoile dorée qui indique le point de l’équinoxe de printemps : sur la photo ci-dessous, et bien … on voit l’étoile, mais je suis bien incapable de lire quoi que ce soit 😆 toutes mes excuses, mais là s’arrête mes compétences.
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Est-ce que ça va ? Est-ce que vous me suivez toujours ? Car, pour tout vous dire, il me reste encore quelques points à évoquer sur cette horloge … 😊. Vous l’avez sans doute remarqué : il y a un autre cercle en dessous. Ce dernier est un calendrier.

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Je vous rassure, ce sera plus simple. Cette partie a été créée bien plus tard : en 1886. Au centre vous trouverez les armoiries de Prague, suivie des 12 signes du zodiaque. Ensuite, vous verrez des scènes de la vie paysanne en fonction des mois de l’année et enfin, les toutes petites inscriptions dans la partie bleue représentent les jours. Pour savoir quel jour nous sommes, il suffit de lire la case pointée par l’aiguille en haut au centre. Cette case donne, le numéro, la lettre (sous un système a = premier jour de la semaine, b = deuxième …), le saint du jour et le cisiojanus. Le jour de notre visite, le lundi 12 juin 2023, était retranscrit par : 12 / b / Basilida Airina / mí.

Nous mais là Charlotte, s’en est trop … C’est quoi encore le cisiojanus ?

Le cisiojanus était une méthode mnémotechnique pour retenir les jours des saints les plus importants. Pour faire simple, le cisiojanus correspond à une syllabe d’une phrase facile à retenir (du type : Mais où est donc Ornicar ?). Par exemple, sur le calendrier, pour le mois de juin, la phrase est : « Nikodem trávu kosívá, Medard deště mívá, i Vít se trápí horkým vedrem, i Jan Křtitel jdou a s Petrem » ce qui veut dire : « Nicodème fauche l’herbe, Medeard a de la pluie, Vitus est frappé par la chaleur, Jean le Baptiste s’en va, et Pierre avec lui » mais ça n’a que peu d’importance. Le 08 juin, la syllabe inscrite est « MED » et cela veut dire que nous célébrons saint Medarda biskupa. Et si vous avez compris, le jour de notre venue ne concernait pas un saint important (mí ≠ Ba)

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Je suppose que vous les avez remarqués, les deux cercles sont décorés de part et d’autre par des statues. Ces dernières sont des allégories de plusieurs concepts : à gauche de l’horloge la vanité et l’avarice, à droite la mort et l’envie.

Le calendrier est, lui aussi, entouré de statues :

  • Le philosophe : il tient un parchemin et une plume d’écriture et représente la curiosité et la soif de savoir.
  • L’Archange saint Michel : l’espoir et la foi religieuse
  • L’astronome : avec sa longue-vue, il symbolise la connaissance du ciel
  • L’orateur : muni de son livre, il note les évènements et perpétue ainsi l’histoire à travers le temps.
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Chaque jour, à chaque heure de 9h à 21h, l’horloge retentit et par la même occasion, rassemble une troupe de touristes venu voir le spectacle. Et c’est vrai que l’on se croirait devant une représentation d’automates. La statue de la mort tire sur la corde qu’elle tient dans sa main droite et sonne le glas, elle tourne son sablier et s’en suit le défilé des apôtres dans les 2 petites fenêtres en partie haute :  Saint Pierre, Saint Matthieu, Saint Jacques, Saint André … Tous viennent montrer leur tête avec leurs attributs représentatifs : une clé, une hache, une massue, une croix, un livre … À la fin, le coq doré bats des ailes, et l’heure sonne.

Et voilà, maintenant je pense que vous êtes presque incollables sur l’horloge astronomique de Prague. La visite se poursuit devant la Cathédrale Notre-Dame de Týn, encore un monument qu’il me tardait de découvrir.

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Rendez-vous sur la place de la Vieille Ville pour pouvoir profiter de cette église pour le moins … atypique. Outre ces deux clochers gothiques d’un noir presque menaçant, il y a une chose qui va surement vous marquer : cette église n’a pas de porte donnant sur la place. Du moins, pas de porte visible, elle est cachée entre les dépendances des deux maisons bourgeoises. Pour pouvoir la visiter, il vous faudra trouver la petite porte dans une ruelle sur la gauche.

Notre-Dame de Týn est, dès sa construction, un lieu de culte réservé aux Hussites. Kececé les Hussites ? C’est un mouvement créé par Jan Hus et qui marque les prémices de l’Église Protestante. Symbole de cette religion, une statue du roi Georges de Bohême et un calice en or sont installés sur le pignon avant d’être remplacé par une Vierge à l’enfant. Car oui, les Hussites ont subi une énorme défaite face aux Hasbourg faisant entrer le royaume de Bohême sous leur domination : on reprend notre petite frise 😉. L’église devient alors catholique et perd ces symboles.

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Le calice est de retour depuis 2017 suite à une décision d’une conférence entre évêques catholiques tchèques
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Vue sur le portail nord avec son tympan sculpté
La Tour Poudrière

Continuons notre visite, je vous emmène jusqu’à la tour qui marque la fin du quartier de la Vieille Ville. À l’origine c’était une des portes de la ville par laquelle entraient les processions de couronnement. C’était aussi l’entrée principale pour la capitale depuis l’Est de la Bohême.

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Avec la construction de la Nouvelle Ville (Nové Město), l’utilité de cette porte disparut, mais les tchèques ont conservé la construction. Au XVIIIème siècle, elle sera utilisée pour entreposer la poudre à canon, de là lui sera donné le nom de Tour Poudrière. Son style gothique actuel lui a été donné en 1886 lors d’une restauration, et le moins que l’on puisse dire c’est que vous avez des choses à voir 😮. Je ne vais pas vous énumérer les scènes et les figures présentes, mais vous remarquerez sur chaque angle les allégories des vertus seigneuriales (prudence, tempérance, force et justice) et sur chaque colonne d’angle : un lion avec les insignes de la Vieille Ville de Prague.

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Focus sur la statue de Vladislav IV de Bohême (ou Vladislav II de Hongrie à partir de 1490)
entourée des blasons de Bohême et de Hongrie, sur la droite, l’allégorie de la justice

Évidement, il vous faudra l’observer sur toutes ses faces puisqu’elles ne sont pas du tout identique : une face porte des statues d’Adam et Ève alors que de l’autre côté vous remarquerez Saint Pierre et Saint Paul. Et c’est loin d’être la seule différence.

Nové Město : la Nouvelle Ville

Et c’est ici que se termine notre visite de la Vieille Ville, vous entrez désormais dans le quartier Nové Město qui est particulièrement visité pour le nombre de ses musées et son architecture Art Nouveau avec pour figure de proue Alphonse Mucha. Je vais vous avouer que nous avons passé très peu de temps dans cette zone : timing oblige, il a fallu faire des choix. Je vais néanmoins vous présenter deux petites curiosités qui valent le détour.

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Le Palace Lucerna

Justement, voici un exemplaire d’architecture Art Nouveau. Le Palace Lucerna est aujourd’hui un centre commercial et culturel même si lors de sa construction en 1907, l’objectif était plutôt d’accueillir un stade de Hockey. Oui vous avez bien lu … J’ai un peu de mal à me projeter et c’est sans doute pour cela que le projet a été requalifié. Le bâtiment est constitué de grandes verrières qui laissent entrer la lumière, et même si la façade s’apparente plus au modernisme, l’intérieur est constitué de courbes rappelant les inspirations naturelles.

Rendez-vous dans le passage et levez la tête au plafond. Vous ferez la connaissance d’une curieuse statue suspendue. Il s’agit d’un œuvre de David Černý intitulé « Kůň » et représentant St. Wenceslas assis sur le ventre de son cheval mort. Elle se veut être une parodie de celle située sur la place Venceslas : le roi prend la même posture, à un détail que son cheval a perdu de sa superbe. On comprends très vite le message que cet artiste, un brin provocateur, a voulu passer.

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D’ailleurs en parlant de David Černý, c’est également lui qui a installé les bébés sur la tour de transmission de Žižkov (que nous avons vu un peu au-dessus), ainsi que la célèbre statue de l’homme suspendu dans la rue Husova. A ce sujet je vous conseille de regarder la vidéo d’Axolot où il nous parle des curiosités de la ville de Prague. Mais ne vous faites pas trop spoiler pour la suite 😬.

Photo ci-dessus : La statue de l’Homme Suspendu
par David Černý (1996)

La maison dansante

Direction les rives de la Vltava, nous allons faire la rencontre d’un bâtiment qui ne peut pas passer inaperçu. À l’angle de la rue Resslova, une construction moderne tranche avec le style ambiant : il s’agit de la maison dansante. Pour l’histoire, à cet emplacement, et depuis 1945, se tenait une ruine d’un immeuble bombardé par l’US Air Force. De 1994 à 1996, deux architectes ont accouché de cette œuvre.

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Je vais être très honnête avec vous, je ne suis pas une grande amatrice de l’architecture moderne mais … Il faut avouer que celle-ci à un certain charme. Frank Gehry avait pour objectif de construire un bâtiment en deux parties et donnant une impression de mouvement dans sa staticité. Ce n’est que bien plus tard que l’inspiration issue de Fred Astaire et Ginger Rogers fut évoquée. Car oui, vous l’aurez compris, la maison représente un couple. La partie vitrée : une femme avec sa robe, l’autre partie avec la coupole à son sommet : un homme.
Sans rancune pour les Américains visiblement 😉.

Le quartier juif : une histoire presque millénaire

Nous y voici, nous y voilà, je l’avais évoqué un peu plus haut : nous allons consacrer une partie entière au quartier Josefov, plus connu sous le nom de quartier juif de Prague. Pour le situer, il occupe le quart Nord-Ouest de la rive droite de la Vtlava, entre le Pont Mánes et le pont Čechův.

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La relation entre la ville de Prague et la communauté juive est pour le moins … Tumultueuse. L’histoire a alterné entre période de persécution et période de développement, à l’image sans doute des différents régimes politiques au pouvoir. Nous pouvons considérer que le quartier juif fut reconnu comme tel en 1292 lorsque le pouvoir donna un statut d’autonomie administrative à cette communauté. Pour la petite anecdote, nous aurions pu penser que la période du IIIème Reich aurait pu être dramatique pour ce quartier et bien … Figurez-vous que les nazis souhaitaient faire de Josefov un « musée exotique d’une race éteinte » faisant rapatrier ici des objets religieux pillés à droite à gauche. Plus de 200 000 objets au total, précieusement gardés par quelques membres d’origine juive totalement soumis à l’autorité nazie et désormais membre du rebaptisé « Bureau central pour l’arrangement de la question juive« . Tous les autres habitants ayant rejoint les camps de déportation.

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Pour pouvoir visiter ce quartier, le système est un peu similaire au château. Vous pouvez bien sûr vous balader dans les rues gratuitement, mais pour visiter les différents monuments il vous faudra acheter un billet groupé. Ce dernier est vendu à l’accueil de chaque site, MAIS je vous conseille vivement de l’acheter au Centre d’accueil du musée de Prague (juste ici) où il y aura beaucoup moins de monde 😉.
Le billet vous coûtera 500 Kč (soit environ 20 €) et inclus l’ancien cimetière juif, la synagogue vieille-nouvelle, la synagogue espagnole, la synagogue Maisel, la synagogue Pinkas, la synagogue Klausen, la salle de cérémonie et les expositions temporaires dans la galerie Robert Guttmann. Vous vous en doutez, nous n’avons pas tout fait, mais je vais vous parler de nos découvertes.

La Synagogue vieille-nouvelle

Un nom un peu énigmatique n’est-ce pas ? Est-ce que cette synagogue est nouvelle, ou est-ce qu’elle est vieille ? En vérité, lors de cette construction, elle était appelé « nouvelle » comparativement à une plus ancienne qui prenait place sur le lieu de l’actuelle synagogue espagnole. Et au fil du temps … elle devient « Vieille-Nouvelle » puisque d’autres édifices religieux ont vu le jour. Aujourd’hui, elle est la plus ancienne d’Europe à être encore en service.

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Ce bâtiment est un véritable joyaux historique et architectural puisqu’il présente un style gothique de la première phase : le gothique primitif (précédant le gothique rayonnant et flamboyant). C’est une sorte d’entre-deux entre la période romane et gothique qui montre un aspect assez massif. Et ce qui saute aux yeux c’est son fronton en brique rouge.

Pour ce qui est de l’intérieur, de vous à moi, je ne m’y connais que très peu en religion juive et autant vous dire que cette visite fut pour moi une première immersion au travers des différents éléments qui composent les synagogues.

  • La bimah : elle se situe au centre de la pièce. C’est une estrade où est lu la Torah. Celle de cette synagogue est entourée d’une grille gothique en fer forgé
  • L’Arche sainte : positionnée sur le mur Est (vers Israël), elle est fermée par des portes et un rideau afin d’y protéger les rouleaux de la Torah
  • Le siège du rabbin : non loin du symbole de l’étoile de David
  • La lampe perpétuelle : elle est positionnée devant l’Arche sainte et brûle en continue. Elle représente la présence de Dieu. Aujourd’hui, c’est une lumière électrique bien sûr, mais auparavant, il s’agissait d’une lampe à huile.

Bon, maintenant que je vous ai fait un micro <cours sur les synagogues, reprenons nos moutons. La Synagogue vieille-nouvelle est construite selon la coutume du judaïsme orthodoxe avec des espaces séparés pour les hommes et pour les femmes durant les prières. Ces dernières pouvaient assister à la cérémonie via des petites fenêtres donnant sur la salle principale.

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Dernier point, et non des moindres, sur ce bâtiment : elle abriterait un Golem. Créature créé par le rabbin Juda Loew ben Bezalel, le Golem est une forme humanoïde constituée d’argile. Il aurait été créé pour protéger les juifs du quartier contre les trop nombreux pogroms. C’est quoi un pogrom ? C’est une attaque avec des pillages et des massacres contre la communauté juive.
Le Golem serait donc enfermé dans les combles de la synagogue, et le seul moyen de lui rendre visite est de passer par l’extérieur. Pour le réveiller il faut lui insérer un morceau de parchemin avec écrit le nom de Dieu dans la bouche. Mais ce n’est pas vraiment recommandé 😉.

Illustration ci-dessus : « Golem of Prague » de Owen William Weber

Le vieux cimetière

Sûrement le point central de la visite du quartier juif : le vieux cimetière est véritablement impressionnant. Je n’aime pas trop ce que je m’apprête à écrire mais … Dès lors que vous entrez dans le cimetière … Vous ne saurez plus où donner de la tête tellement c’est le bazar. Et le fait est, ce sont des centaines de milliers de morts qui sont enterrés ici, et vous allez marcher sur un petit chemin au travers.

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Loin de moi l’idée de dénigrer ce lieu de recueillement ! Pas du tout, surtout que ceci s’explique facilement grâce à la connaissance de l’histoire. En activité pendant plus de 300 ans, le cimetière de Josefov était destiné aux habitants de ce quartier qui était à l’époque qualifié de « ghetto » juif. Par là, entendez que vous naissiez dans le ghetto et vous mourriez dans le ghetto : il n’y avait quasiment aucune interaction avec le reste de la ville de Prague et donc … Les morts étaient tous enterrés dans un seul et même cimetière puisque la religion interdit l’incinération.
S’ajoute à cela une période de tension religieuse (nous sommes au XVIème et vous avez le droit à un petit check de notre frise), où les Juifs subissent comme toujours des pogroms. Et, pour finir, la fin du XVIème marqua une prospérité dans le quartier : ce qui engendra une augmentation de la population et fini par complètement saturer le cimetière. En 1786, et malgré l’interdiction d’abandonner les cimetières dans la religion juive, il fallait se rendre à l’évidence : les tombes s’entassaient les unes par-dessus les autres.

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En parcourant le cimetière, vous pouvez partir à la recherche des différents symboles gravés sur les pierres tombales. À partir du XVIème siècle, la tradition juive associait un symbole à une qualité pour définir le défunt. Par exemple : une couronne traduisait une bonne réputation notamment par une connaissance précise de la Torah, un pichet signifiait que la personne était un Lévite (un descendant de Levi, et donc de Moïse), un poisson, la personne appartenait à la tribu d’Éphraïm, parfois on aperçoit des ciseaux voulant traduire que cette personne était un tailleur.
Au sujet des tribus d’Israël, je ne rentrerai pas dans les détails, mais je vous partage cette infographie qui vous permettra de situer plus précisément 😊.

Vous passerez tout proche d’une tombe toute particulière puisqu’il s’agit de celle du Rabbin Loew. Oui, celui même qui a créé le Golem.
Et vous remarquerez sur sa tombe, une quantité impressionnante de petits cailloux. La raison, et c’est celle aussi qui explique qu’il n’y ai pas de fleurs, la tradition juive considère que les fleurs sont réservées aux vivants. Les pierres marquent, quant à elle, un passage. La tombe a été visitée, le défunt respecté.

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Pour finir, avant de quitter le cimetière, on va invitera à vous nettoyer les mains. C’est une tradition que vous devez respecter, quel que soit vos croyances (s’il vous plait 😊). Les raisons sont plutôt diverses mais globalement c’est un geste de purification. Vous devrez donc vous munir du pichet, que l’on appelle kéli, le remplir et vous verser l’eau sur les mains 3 fois sur chaque main de manière alternée (d’où l’intérêt d’avoir deux anses sur le kéli). Pas de contact direct avec le robinet.

Une fois être sorti du cimetière, la visite se poursuit dans un bâtiment juste sur votre gauche : il s’agit de l’ancienne Salle de cérémonie. C’est ici que prenait place la morgue ainsi que les activités de préparation des corps. Aujourd’hui ce n’est plus le cas, mais vous pourrez bénéficier d’une exposition autour de cette thématique. D’ailleurs certains de ces objets ont été acquis sous le IIIème Reich (comme je vous l’expliquais plus haut).

La Synagogue Klaus (ou Klausen)

La visite de cette synagogue n’était pas prévue de notre côté. Néanmoins, je pense que c’est intéressant si, comme moi, vous n’avez que peu de connaissance en judaïsme. Nous avons déjà visité la synagogue vielle-nouvelle me direz-vous ? Certes … Pour autant, cette dernière est un peu atypique et la synagogue Klaus vous permettra de découvrir une architecture plus classique. Elle se situe à droite de la sortie du cimetière.

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Je vais faire assez court puisque vous retrouverez l’ensemble des éléments que j’ai évoqués un peu plus haut, avec en plus quelques expositions d’objets pour en apprendre davantage sur la religion.

Dernier point que je n’avais pas évoqué dans le paragraphe sur la Synagogue vieille-nouvelle : à votre entrée dans chacun de ces lieux de culte, les hommes se verront distribuer une petite kippa en tissu fin pour couvrir le haut de leur crâne. Là encore, même si le judaïsme n’est pas une religion, il est important de respecter cette règle. Pour les femmes : aucune obligation de ce genre.

La Synagogue espagnole

Dernière étape dans le quartier juif : la Synagogue espagnole. C’était pour moi un incontournable : j’avais vu des dizaines de photos de ce bâtiment et il faisait partie de mon imaginaire sur Prague. Et bien, je ne fus pas déçue.
Pour la visiter il vous faudra marcher un peu : si tous les lieux que je vous ai listés ci-dessus était à proximité les uns des autres, la Synagogue espagnole est un peu plus éloignée.

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C’est la plus grande synagogue du quartier, et selon moi, la plus belle. Elle est composée dans un plan carré avec une énorme coupole au centre. Elle est entourée de galeries à l’étage qui donnent directement sur la nef telle une mezzanine. Ce plan était également présent dans la Synagogue Klaus, mais cette dernière est confectionnée sur la base d’une forme rectangle.

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Ce bâtiment, richement décoré, est d’inspiration néo-mauresque (d’où son petit nom) et présente, lui aussi, tous les attributs de la synagogue. À l’étage se déroule une autre exposition sur le judaïsme, en particulier la période de la seconde guerre mondiale qui est particulièrement touchante.

C’est ici que se termine notre visite du quartier juif, véritable quartier-musée avec des bâtiments qui racontent une histoire importante, mais qui souffre d’une méconnaissance regrettable. Bien sûr que nous sommes au fait de l’holocauste, mais la religion juive est, selon moi, trop peu expliquée pour ceux qui n’appartiennent pas à cette communauté.

En route pour Kutná Hora

Et si nous quittions un instant la capitale pour voir ce qui se passe aux alentours ? Deux spots nous intéressaient tout particulièrement : Les rochers de Prachov, un parc naturel accueillant des formations rocheuses surprenantes, ou l’Ossuaire de Sedlec. Impossible de faire les deux, il nous fallu faire un choix. Et même si nous sommes tous les deux adeptes de rando et d’espaces naturels … nous avons choisi d’aller à Kutná Hora pour voir la chapelle funéraire.

Les transferts

Dans un premier temps, dirigez-vous vers la gare centrale de Prague. Ici nous avons eu un peu de mal à comprendre l’organisation. Vous vous présentez au guichet et vous achetez votre billet : jusqu’ici, tout va bien. Notre train partait à 08h05 et nous déposait à Kutná Hora Hlavni Nadrazi (Gare Centrale) vers 8h56, mais après … Impossible de savoir où était notre voie … Les panneaux d’affichage ne montraient aucunement notre trajet. Ce n’est qu’après avoir vadrouillé dans toute la gare que nous avons enfin trouvé notre chemin, un peu stressant mais tout est bien qui finit bien. Après réflexion, je pense qu’il s’agit juste d’un manque de panneaux de direction dans une gare qui est particulièrement grande, rien de méchant.
Arrivé à Kutná Hora, il vous faudra marcher pendant 10 minutes afin de rejoindre la chapelle, cela peut être éprouvant pour certain mais j’avoue ne pas avoir vu d’autres solutions. Attention néanmoins, descendez bien à la gare Kutná Hora Hlavni Nadrazi et non à Kutná Hora město 😉.

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L’Ossuaire de Sedlec

Tout d’abord un ossuaire est, comme son étymologie nous l’indique, un lieu où l’on entrepose des ossements, une sorte de catacombes. L’ossuaire de Sedlec est particulier puisqu’il prend place dans une chapelle cistercienne accolée à un cimetière. Et c’est de ce cimetière que tout va débuter puisque la légende raconte qu’un abbé aurait rapporté directement de Jérusalem, de la terre prélevée sur le site du Calvaire (le lieu de crucifixion de Jésus, on s’en rappelle). S’en est suivi une montée en popularité de ce lieu de sépulture : tout le monde voulait se faire enterrer ici. Vient un épisode de peste, puis des conflits religieux, et ce sont prêts de 40 000 corps qui furent enterrés ici.

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Seulement voilà, au XVème siècle, une partie du cimetière est supprimé et il fallut trouver un endroit pour stocker les ossements : on décida alors de les entreposer dans la chapelle en attendant de prendre une décision … Cela durera 3 siècles. En 1870 la famille de Schwarzenberg, alors propriétaire du cimetière, commissionna un sculpteur, František Rint, de faire quelque chose avec ces os. Et … on peut dire qu’il prit cette tâche à cœur 😊. Il blanchira tous les os et réalisa des œuvres d’art composées d’ossements : je vous laisse admirer le résultat.

Parmi les pièces présentées, vous pouvez noter un immense lustre qui serait construit avec l’ensemble des os du corps humain, et l’énorme blason au fond à gauche de la chapelle. Ce dernier est une représentation du blason de la famille Schwarzenberg et … le résultat est à la fois glauque et impressionnant.

Rapidement, pour que vous puissiez décrypter la signification de ce blason, vous voyez :

  • Les bandes bleues et blanches : rappellent l’origine bavaroise de la famille
  • La tour argentée sur la colline noire : symbolise les domaines historiques
  • La torche enflammée : évoque le domaine de Brandis, un des grands domaines de la famille en Suisse allemande
  • Les chevrons rouges sur fond blanc : les armes des domaines de Marie-Anne d’Autriche
  • Les gerbes de blé : mentionne le domaine Klettgau (en Allemagne)
  • La tête de Turc : dont un corbeau crève les yeux avec son bec, symbole de la conquête de la forteresse Raab en Hongrie

Point important qu’il faut que vous ayez en tête : la chapelle est très petite. Sans exagérer, 20 minutes sont largement suffisantes pour bien profiter de la visite. Et oui, cela peut être un peu frustrant de faire 1h de route pour à peine une demie-heure de visite mais … Quel spectacle 😁.

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Parenthèse grignote

Revenons sur Prague pour évoquer un petit point culture culinaire. Il est une pâtisserie que vous ne pouvez pas rater dans la capitale tchèque : le trdelník ! Alors, pour être précise, il ne s’agit pas d’une spécialité tchèque à la base, mais plutôt slovaque. Au fil des années et avec le tourisme de masse, le trdelník se fit une place de choix dans les snacks vendus dans la Vieille Ville de Prague.

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Dans les faits, c’est assez simple : il s’agit d’une pâte de farine que l’artisan va enrouler autour d’un rondin de bois. Celui-ci tourne autour de lui-même près d’une source de chaleur (traditionnellement au bois, mais désormais plutôt électrique) pour griller doucement l’ensemble du rouleau. Puis, il faut rajouter un peu de sucre pour caraméliser, et de petits éclats d’amande.

Ensuite, vous pouvez opter pour la garniture de votre choix, je vous ai pris une petite photo pour vous mettre l’eau à la bouche. Perso, j’ai une préférence pour la valeur sûre : nature 😁

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Et c’est sur ce que je vais vous abandonner. Nous quittons la capitale tchèque depuis la gare routière de Florenc afin de rejoindre la Slovaquie en bus, et plus précisément Poprad, aux portes de la chaîne de montagnes des Tatras. Mais ceci est une autre histoire dont je vous parlerai dans le prochain article.

J’ai conscience que cet article était très dense, mais je ne me voyais pas le diviser en deux : 3 jours c’est court, mais la ville de Prague est propice à la découverte. J’espère vous avoir tenu jusqu’au bout malgré tout 😊.


Fiche pratique :

Monnaie : la Couronne Tchèque (Kč)
Coût moyen d’un repas au restaurant : 7,60 € (contre 15 € en France)

Langue : tchèque

Heure : aucun décalage horaire avec la France

Météo :

  • Décembre, janvier, février : entre -4°c et 2°c
  • Mars, avril, mai / octobre, novembre : entre 0°c et 19°c
  • Juin, juillet, août, septembre : entre 8°c et 24°c

@trystan_et_robby et @tinytwine