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Asie,  Chine

Odyssée en Chine 🥢 – Étape 1 : Beijing & Hebei

Ville de Beijing et Jinshanling

Juin 2019.

Nous commençons notre périple à Pékin, capitale impériale et politique depuis la dynastie Ming (1421). Mais d’abord est-ce qu’il faut dire Pékin ou Beijing ? Le nom Pékin est une retranscription hasardeuse d’un jésuite en voyage en Chine, pour faire simple il a entendu les Chinois parler de leur ville, et il a essayé de traduire la phonétique en caractère romain. Le nom Beijing est, quant à lui, issu du système officiel pinyin. Tout comme le romanji en japonais, le pinyin permet de traduire en caractère romain les mots chinois. Ce système a été officialisé par les autorités chinoises dans les années 1950. C’est donc cette orthographe qu’il faut respecter mais … Le nom de Pékin est tellement entré dans nos mœurs qu’il reste encore utilisé, surtout à l’oral.
Une fois cela posé, je peux vous parler un peu d’histoire. On ne connait que finalement peu cette capitale qui a pourtant connu moult bouleversements. Je vais essayer d’être concise et surtout de me contenter de ce qui pourra servir mon propos par la suite.

Beijing connaît donc sa première expansion à partir de la dynastie Ming. C’est d’ailleurs à cette période qu’elle obtînt son nom que nous pouvons traduire par « capitale du nord« . Mais à leur arrivée, les Ming avaient déjà une ville bien construite devant leurs yeux : les mongols avaient défini un plan précis en damier que nous appelons les Hutongs (nous en parlerons un peu plus tard).
Dès 1944, ce sont les mandchous qui arrivent au pouvoir et ils organisent la ville selon 2 sections : au sud la ville « chinoise » et au nord la ville « mandchoue/mongole« , cette dualité est encore présente dans Beijing aujourd’hui.

Dynasties Chine
Empereurs chinois – Liste simplifiée et non exhaustive – zoom

S’en suit une période compliquée sur fond de révoltes, xénophobie et mondialisation. Au final, en 1911, c’est la fin de l’empire chinois, la République chinoise est proclamée et Yuan Shikai prend le pouvoir. À sa mort, Beijing perd son statut de capitale et en 1937 tombe dans les mains des japonais dans le cadre de la seconde guerre mondiale.
Après cette longue période de difficultés pour la ville, Mao Zedong et les communistes prennent le pouvoir en 1949, proclament la République Populaire de Chine et redonnent le statut de capitale à Beijing. Depuis la ville a connu énormément de mutations avec une volonté de moderniser à tout prix la société chinoise. Et comme pour acter ce vœux, Mao lança une révolution culturelle dans toute la Chine qui eut pour conséquence la destruction de nombreux bâtiments religieux (entres autres) et le fameux massacre de Tian’anmen.

Je ferme la parenthèse historique, et parlons tourisme ! Tout d’abord, si vous voulez connaître notre programme à Beijing, je vous invite à consulter le premier article. Vous aurez un aperçu de l’ensemble de notre Road trip.
Ensuite, sommaire pour naviguer sur l’ensemble des articles sur la Chine :

Les transferts

L’aéroport international de Pékin (Beijing-Capital) se situe au nord-est du centre-ville à environ 1 heure en voiture. Comme je vous le disais dans mon premier article, les distances sont multipliées par 10 en Chine. Le pays est immense, donc tout est loin !
De notre côté le trajet fut très simple, un ami est venu nous chercher directement à notre terminal et nous a conduit jusqu’à notre hôtel : royal. Pour les autres, vous avez classiquement 3 moyens de rejoindre le centre-ville :

  • Les navettes aéroport : il y a, en tout, 9 lignes de bus qui relient la ville à l’aéroport. La ligne 3 vous emmènera directement à la gare centrale. Suivant les lignes, vous en avez toutes les 15, 20 ou 30 minutes. Il faut compter 16 ¥ pour un trajet.
  • Le train : depuis les terminaux 2 et 3 vous pouvez monter dans la ligne expresse. Il y a un départ toutes les 15 minutes et ils vous emmènent aux stations Sanyuanqiao et Dongzhimen pour 25 ¥. Ensuite, il vous suffira de prendre la bonne ligne de métro pour rejoindre votre logement.
  • Le taxi : vous pouvez choisir de vous faire conduire directement à votre hôtel. Mais attention, ne montez uniquement que dans les taxis officiels bicolores.
Taxi chinois

Le plus simple est d’avoir l’adresse de votre hôtel traduite en chinois sinon vous risquez de vivre de long moment de solitude. Pour le prix, tout dépend de la distance qui vous sépare de l’aéroport, mais vous en aurez approximativement pour 100 ¥.

Petit point taxi :

C’est INÉVITABLE vous vous ferez alpaguer par les chauffeurs de taxi. Qu’ils soient officiels ou non, les chauffeurs sont à la recherche du moindre touriste. À la sortie des gares, aux abords des lieux touristiques, ils sont là, prêts à vous interpeller et vous appâter avec des noms de grandes villes limitrophes. Plus ou moins organisés, ils sont parfois vêtus d’une chemise bleue clair (comme les policiers), parfois postés à côté d’un présentoir avec des cartes de la ville. Vous l’aurez compris, c’est chiant ! D’autant plus qu’ils sont prêts à vous mentir en vous disant qu’il n’y a pas de bus qui circulent ou bien à vous barrer littéralement la route pour vous empêcher de fuir ! Bon, je me rends compte que tel que je dépeins le sujet, je peux vous faire peur. En soit, ils ne sont pas méchants, mais juste pénibles et insistants. Le mieux que vous puissiez faire, c’est rester calme et leur dire non. Et parfois, vous pouvez vous laisser tenter, le tout est de ne pas se faire avoir avec des tarifs totalement déconnectés de ceux pratiqués pour les Chinois.

Taxi Beijing

Pour évaluer le prix correct d’une course, le mieux est de vérifier la distance à parcourir. Pour cela, on utilise son bon vieux Google Maps (après avoir installé son VPN : voir premier article 😉), ou Maps.me. Ensuite, prenez 13 ¥ pour un prix de départ, puis ajoutez 2,5 ¥ par kilomètre parcouru. Le mieux est de demander au chauffeur avant même de monter dans le taxi, quel serait son prix pour la course demandée, et de négocier si besoin.

Le logement

Comme évoqué dans mon premier article, la totalité de nos logements ont été réservé sur Booking. Nous avons accès à l’ensemble de l’offre accessible aux étrangers. Nous avons 2 typologies d’établissement en Chine, ceux qui peuvent accepter les étrangers et ceux qui n’en acceptent pas. Ce n’est pas une histoire de xénophobie, mais plutôt de capacité. Les hôtels tourist-friendly ont reçu une sorte de formation pour pouvoir enregistrer les passeports étrangers, ils ont des bases d’anglais pour pouvoir nous conseiller et surtout, savent comment enregistrer leurs établissements sur les sites utilisés par les étrangers (on se rappelle le Grand Firewall). Ces hôtels sont sans doute plus onéreux, mais ils sont aussi plus confortables. Pas tant au niveau de l’équipement, mais surtout en ce qui concerne le service.

Donc, sur Beijing nous avons choisi le Spring Time Hostel. Sans prétention, cet hôtel est plutôt bien placé, juste à côté de la bouche de métro Dongsi. Il faut compter 45 minutes pour rejoindre la place Tian’anmen à pied, et 35 minutes pour la Cité Interdite. Après, il ne faut pas s’attendre à des chambres sublimes, c’est même plutôt sombre et, comme dans tous les hôtels en Chine, les toilettes sont COLLÉES à la douche à l’italienne. Pour résumer, cet hôtel fait le taff, ni plus, ni moins.

Spring Time Hostel Beijing

On fait quoi à Beijing ?

Les Hutongs

J’en parlais en introduction, les hutongs sont des quartiers à Beijing qui ont été construit avant même l’arrivée des Ming au pouvoir. Ce sont donc de véritables témoins des modes de vie du XIVème siècle.
Dans un premier temps, le mot hutong peut être traduit littéralement par « ruelle« , c’est en effet un ensemble de petits passages, qui n’excèdent pas 3 mètres de large et le long desquels s’alignent les portes en bois.

Hutong ruelle

Si nous passons une de ces portes en bois, nous tombons dans ce que nous appelons un siheyuan. C’est une cour carrée, commune à l’ensemble des habitations qui l’entoure. Les blocs de maisons avec un siheyuan central sont accolés et forment une sorte de plan en damier, c’est le hutong. Chaque groupe d’habitations ne possède qu’un seul cabinet de toilette commun et à l’extérieur des maisons.

Hutong porte

Les hutongs sont clairement les quartiers atypiques de Beijing, par contre, quand vous les visitez n’oubliez pas que vous entrez dans le cercle intime des personnes qui y habitent. D’ailleurs, ces quartiers abritent une population modeste, les conditions de vie n’y sont pas toujours simples et, malgré la typicité des lieux, on ne peut pas les qualifier de joli. Et c’est bien le problème pour le gouvernement chinois. Alors, oui, à première vu, les hutongs sont un peu les bidonvilles du centre de Beijing. Ils ne donnent pas une image moderne et, de ce fait, sont un point noir pour l’Etat chinois.
Ces quartiers sont donc détruits et / ou modernisés sans tenir compte de leur valeur historique. Et dans un sens ces travaux permettent à la population d’avoir accès à des conditions de vie meilleures … Un mal pour un bien ? Le débat est ouvert.

La place Tian’anmen

Alors, là, je m’attèle à un gros morceau. Et désolée pour ceux qui n’aiment pas l’histoire, mais, dans ce cas précis, je me dois de replacer le contexte. La place Tian’anmen est la 4ème plus grande place du monde avec 440 000 m². Sa superficie lui permet d’être un lieu de prédilection pour accueillir les plus grands événements de l’histoire du pays. Petite chronologie des rassemblements, joyeux ou protestataires qui ont eu lieu sur cette place.

4 mai 1919 : La première Guerre Mondiale vient de se terminer et l’Alliance s’organise pour rédiger le traité de Versailles. La Chine, s’étant ralliée contre les Allemands, aimerait récupérer un territoire (situé juste en-dessous de Beijing) occupé par l’Entente. Hélas, le traité donne cette province au Japon. C’est l’indignation dans l’ensemble de l’empire et les étudiants se réunissent sur la place pour se soulever contre le gouvernement accusé de corruption.

1er octobre 1949 : Mao Zedong proclame la République populaire de Chine depuis la cité interdite. Il redonne à Beijing sa puissance perdue.

Mausolée Mao

18 août 1966 (et durant l’ensemble de la révolution culturelle) : Mao Zedong, après l’échec de sa politique du Grand Bond en Avant, qui avait pour but de reproduire le système soviétique de l’époque par la collectivisation intra-communautaire (de l’agriculture, de l’industrie, des systèmes d’éducation …), laisse la place de président de la République à Liu Shaoqi. Les deux hommes, bien que tous les deux qualifiés de communistes, sont radicalement opposés (l’un étant plus modéré que l’autre). Mao Zedong recherche à rallier la jeunesse à sa cause et crée alors les Gardes Rouges qui se réunissent symboliquement sur la place Tian’anmen. C’est en ce lieu que, le 18 août 1966, Mao se vit revêtir le fameux brassard rouge avec l’inscription « Garde Rouge » devant une foule en délire sur la place.
Le mouvement devient de plus en plus incontrôlable. Les gardes rouges se manifestent par des lynchages envers les individus censés représenter la bourgeoisie (écrivain, professeur, artistes, journalistes …). Liu Shaoqi est, de son côté, emprisonné et mourra dans sa cellule. En 1968, Mao prend conscience des débordements des jeunes Gardes Rouges qui, dans certaine région de Chine allait jusqu’au cannibalisme, et en déporte une partie dans les campagnes.

Place Tian'anmen

4 juin 1989 : A la mort de Mao en 1976, le Parti Communiste Chinois s’assombrit, le gouvernement devient de plus en plus oligarchique et une partie des nouveaux étudiants prône une réforme et dénonce la corruption au pouvoir. Le 27 avril 1989 un million d’étudiants se rassemblèrent sur la place Tian’anmen en vue de commémorer les événements du 4 mai 1919. Ce groupe se radicalisa et débuta une grève de la faim. Le 20 mai, s’en est trop pour le Président de l’époque, Deng Xiaoping qui demande aux forces armées de dégager la place : échec. Le seul résultat est une photo d’un jeune, seul, face à 4 chars d’assaut au milieu des voies qui longent la place. Cette image fit le tour du monde et installa un sentiment d’humiliation pour le PCC. Dans la nuit du 3 au 4 juin, la place est « nettoyée » et ce sont 1 800 personnes qui perdirent la vie.

Massacre Tian'anmen
Source : Human Rights Watch

Ces événements sont ceux qui marquèrent la réputation de la place. Nous sommes arrivés le 8 juin 2019, soit 4 jours après la fameuse date du massacre de Tian’anmen. Pour aparté, les Chinois ont pour interdiction d’évoquer ne serait-ce que cette date que ce soit à l’oral ou bien sûr le web. Nous avons donc trouvé une place avec un dispositif de sécurité renforcé, un contrôle d’identité pour accéder au mausolée de Mao et des gardes qui observaient et veillaient à ce que tout le monde reste dans le calme. La place en elle-même n’a rien d’exceptionnel, mais c’est son histoire qui la rend sublime avec sa vue sur la porte de la Paix Céleste, entrée de la cité interdite arborant le portrait de Mao.

Le Temple Lama

(ou le Temple de Yonghe)

En Chine, la religion est beaucoup plus souple que les religions majoritaires en Occident. Ainsi, un Chinois peut très bien se définir comme taoïste et fréquenter à sa guise un temple bouddhiste. Les frontières ne sont pas aussi opaques que les religions dites abrahamiques (issues du culte d’Abraham, soit le christianisme, le judaïsme et l’islam).
La majorité des Chinois se disent donc pratiquant de la religion populaire chinoise, autrement dit, un mélange entre taoïsme, bouddhisme, confucianisme et culte populaire transmis de génération en génération sans avoir de nomination particulière.

Prière Lama Temple

À Beijing je vous conseille d’aller faire un tour au temple Lama. Non, pas l’animal, le Lama c’est l’enseignant religieux du bouddhisme tibétain, et la figure la plus haute de ce corps religieux est le Dalaï-Lama : plus clair maintenant ? 😉
En 1949, le PCC intègre le territoire du Tibet à la Chine Populaire, le Dalaï-Lama perd alors son pouvoir et les relations entre les deux territoires se tendent. Pendant la révolution culturelle, ce sont des centaines de temples tibétains qui sont détruits. Mais, celui de Pékin fut protégé par le premier ministre, à notre plus grand bonheur.

Tour Bouddha Lama Temple

Sa construction a commencé en 1694 sous la dynastie Qing (les mandchoues, juste après les Ming, les derniers avant le passage sous la République 🧐). Il est composé, comme la plupart des temples, de plusieurs portes, cours, pavillon et salles qui s’enchaînent les uns à la suite des autres. Chacune des salles accueille une statue de divinité. Dans le Yonghe Temple vous trouverez toutes sortes de statues de Bouddha et de Boudhisattva (un bouddha n’ayant pas encore atteint l’éveil) typiquement tibétaines.
Dans la dernière salle, aussi appelée « la Tour du Grand Bouddha » vous pourrez admirer une immense statue haute de 26 mètres. Cadeau du 7ème Dalaï-Lama, cette œuvre est construite dans un seul bloc de bois de Santal.

Grand Bouddha

Le Temple du ciel

S’il est un temple à ne pas manquer à Beijing c’est bien celui-ci. Construit sous l’ère impériale, pendant la dynastie Ming, le temple du ciel se démarque par son architecture.

Salle Moisson temple du ciel
Zoom salle Moisson temple du ciel
Temple du ciel

Le principal bâtiment de ce temple est la salle de prière pour l’abondance des moissons, et fait plutôt original, c’est une structure ronde sur trois niveaux ornée de tuiles en terre cuite émaillée bleues. Pour arriver à son pied, il faut emprunter les escaliers en marbre qui l’entoure, formant, eux-mêmes, trois cercles. Selon la cosmologie chinoise, cet ensemble de formes rondes représente le ciel et l’enceinte dans lequel se trouve ce bâtiment est, elle, de forme carrée et représente la Terre.

What ?! Donc le ciel est plus petit que la Terre et celle-ci, en plus d’être plate est carrée ?

Tout à fait ! Je vous fais un petit schéma pour que ce soit plus clair.

L’empereur est au centre du cercle. Plus nous nous éloignons du cœur de l’empire, moins les populations sont éclairées par le ciel. Aux quatre coins du carré se trouvent les peuples barbares.

Le sinocentrisme s’explique facilement car les Chinois n’ont presque eu aucun contact avec une autre puissance pendant de nombreuses années. Il était donc normal de penser que la Terre n’allait guère plus loin (exactement comme nous autres 🙃)

Sinocentrisme
Allée temple du ciel

Revenons à nos moutons, une fois que vous avez profité de cette sublime salle, je vous conseille d’emprunter la large voie et de faire une halte au mur de l’écho. Si vous avez la chance de tomber un jour où il n’y a pas trop de touristes (croisez bien fort les doigts), vous pouvez tenter l’expérience. Mettez-vous face au mur et chuchotez quelques mots, la personne qui se trouve face au mur opposé peut entendre ce que vous avez dit : le son longe le mur.

Mur écho

On continue toujours en empruntant la grande voie et vous vous trouverez au cœur de l’autel du ciel. Cette place ressemble à celle de la salle de prière pour l’abondance des moissons, mais sans le bâtiment. Il se compose de 3 terrasses au centre d’une cour en carré.
Si vous vous positionnez sur la pierre située au centre de la dernière terrasse, vous pourrez apprécier toute la splendeur de l’architecture. Tout est construit autour du chiffre 9. La pierre centrale est entouré de 9 cercles : le plus proche est composé de 9 pierres, le plus éloigné de 81 (9 x 9). Si vous frappez dans vos mains, le son sera décuplé et vous ressentirez les vibrations sonores dans l’ensemble de votre corps.

Autel du ciel
Depuis la pierre centrale
Brasero sacrifice
Braseros pour sacrifice

Jusqu’en 1911, date de la fin de l’empire, l’empereur venait pratiquer des cérémonies sacrificielles pour s’assurer de la bonne récolte. Animaux, alcools, tablettes de jade… autant de cadeaux qui était offert au ciel pour mettre toutes les chances de son côté. Le tout était accompagné de plusieurs prosternations organisées autour de ce fameux chiffre 9 (je vous parlerai de sa signification un peu plus tard).

La Cité interdite

Nous y voilà, je m’apprête à vous parler de la principale attraction de Beijing. Ne pas la visiter c’est comme aller à Paris sans même aller faire un tour au pied de la Tour Eiffel (pour les non-parisiens 😅). Donc, même si vous y trouverez certainement une quantité astronomique de touriste, je vous conseille d’y aller.

Cité interdire porte

Par contre, si vous n’avez pas la chance d’avoir, comme nous, un local pour vous expliquer certains points, je vous conseille de prendre un audio guide (je sais qu’une fois sur place, on essaye d’économiser au maximum, et c’est le genre de dépense que l’on considère pouvoir se passer mais … Vous risquez de passer à côté de la visite si vous n’avez pas d’explications). Vous en trouverez à l’entrée pour 40 ¥ (5 €).
Deuxième conseil : si vous le pouvez, réservez vos places à l’avance. La Citée Interdite est, comme je vous le disais, une attraction majeure et ce sont des millions de visiteurs qui viennent apprécier le lieu tous les ans. De ce fait, la ville a décidé, depuis 2017, de cesser de vendre des billets directement sur place aux tickets office. Le seul moyen d’obtenir son entrée est de l’acheter en ligne, et pour cela, il faut un numéro de téléphone et une carte bancaire chinoise 🤔. Pas de soucis si vous connaissez un habitant, beaucoup plus compliqué si ce n’est pas le cas. Pour pouvoir vendre des entrées aux étrangers, le monument à installé des guichets spéciaux ou des employés se chargent d’acheter pour vous, en ligne, les billets. C’est un peu le parcours du combattant, mais cela a permis de limiter les visites du lieu qui croulait littéralement sous les touristes. Attention tout de même, la Cité Interdite est fermée le lundi !

Rivière aux eaux d'or

Une fois que vous avez passé l’épreuve et obtenu le Saint Graal billet, vous passerez la porte méridionale et arriverez face aux ponts de la rivière aux eaux d’or.

On se pose 2 secondes, car c’est bien joli d’entrer dans la Cité Interdite, mais … C’est quoi au juste cette zone immense en plein cœur de Beijing ?
Dans un premier temps, les Chinois préfèrent le nom de Palais ancien car oui, vous êtes dans le palais de l’empereur. Sa construction a été ordonnée en 1406 sous la dynastie Ming et plus précisément par Yŏnglè. C’est aussi sous son règne que fut construit le Temple du Ciel : il fut indéniablement le contributeur du rayonnement de la ville de Beijing. Clique ici si tu veux voir sa tête 😉.
Alors pourquoi nous l’appelons « Cité Interdite » nous autre occidentaux ? Car c’était la demeure de l’empereur pardi ! Et de ce fait, le peuple ne pouvait pas y accéder. Aujourd’hui, l’accès est autorisé car le lieu est devenu un musée et accueille de nombreuses œuvres picturales, des sculptures, de la céramique

Pour bien préparer votre visite, le mieux est de se munir d’un plan, et cela tombe bien, je vous en ai trouvé un parfait ! :

Plan cité interdite
Source : voyageschine.com
En grisé : les zones interdites d’accès au public
En rouge : la délimitation entre la cour intérieure au nord (les appartements privés de l’empereur)
et la cour extérieure au sud (lieu de réception des ministres)
Clique ici pour agrandir

La zone paraît petite comme cela, mais l’ensemble mesure près de 72 hectares. Pour la traverser, de la porte méridionale à la porte de la Prouesse Divine, il faut 2 heures (en prenant le temps de profiter des monuments bien sûr). C’est ce que nous avons fait comme parcours (en vert sur la carte), mais si vous avez davantage de temps devant vous je vous conseille de vadrouiller de part et d’autre de l’enchaînement de portes pour découvrir les recoins de la cité. Je vous ai indiqué un chemin en bleu qui vous permettra, entre autre, de voir le mur des 9 dragons.

Harmonie suprême

Et voici une transition toute trouvée pour vous parler de cette obsession du chiffre 9. En numérologie chinoise, les chiffres pairs sont féminins, les chiffres impairs masculins. Le chiffre 9 étant le plus élevé des chiffres impairs, il représente la masculinité à son maximum, et donc la souveraineté suprême. Il est utilisé de manière systématique et quasi obsessionnelle dans la construction des bâtiments pour prouver la soumission des maîtres d’œuvre à l’empereur. Quelques exemples d’utilisation :

  • Les marches présentes au sein de la Cité Interdite sont toujours par groupe de 9
  • Sur les portes des bâtiments, des clous y sont positionnés sur 9 colonnes et 9 lignes
  • La cité serait composée de 9 999 pièces. Bon, après les avoir comptés, il n’y en a que 8 704, mais chut.
  • Les bâtiments sont composés de multiple de 9 : 9 poutres, 18 piliers, 72 arêtes et 27 angles d’avant-toit.
  • Le mur écran ouvert au public compte 9 dragons, comme je vous en parlais juste au-dessus
  • Le nombre de petites statuettes présentes sur les pointes des bâtiments (les Dun shou ou bêtes accroupies) vont de 1 à 9. Plus le statut social de l’occupant est important, plus le nombre de figurines augmente. SAUF ! Pour le palais de l’Harmonie Suprême dans la Cité Interdite qui en compte 10 : c’est le bâtiment le plus important de tout l’empire.
Dun Shou

Autre élément que vous aurez sans doute remarqué, cette fois-ci, nous n’avons ni toit bleu, ni toi vert, mais la terre cuite est émaillée en jaune. Cette couleur n’est pas anodine, elle est très importante dans la symbolique chinoise et représente la royauté.

Toits cité interdite
Cité interdite lion
Tuile cité interdite
Tortue cité interdite

La partie la plus au nord du palais est réservée au jardin impérial. C’est la zone la plus petite de la cité et cela provoque un goulot d’étranglement dans l’afflux de touristes, mais vous pouvez vous y frayer un chemin et apprécier cette zone arborée.
D’ailleurs, un des éléments notoires, est la volonté des empereurs de recréer un paysage montagneux grâce à des collines rocheuses artificielles : esthétique plutôt douteuse, mais ce n’est que mon avis 😉.

Jardin impérial

Par contre, le bâtiment que j’ai vraiment apprécié dans ce jardin est le pavillon de Mille Automnes. Ce tout petit bâtiment est une prouesse architecturale. Carré avec un toit rond orné d’un serpent, lorsque vous entrez dans son enceinte et que vous levez les yeux, un dragon vous observe.

Pavillon Mille Automne
Toit Pavillon Mille Automne
Dragon Pavillon Mille Automne

Le Village Olympique

On s’éloigne un peu du cœur de Beijing pour aller visiter le parc Olympique. Souvenez-vous, en 2008, la Chine était à l’honneur ! Et parce que les Chinois voient toujours les choses en très grand, c’est près de 42 milliards de dollars qui ont été dépensés pour créer une véritable ville dans la ville faisant ainsi de Beijing, les jeux qui ont coûté le plus cher de l’histoire.

Wall of Fame Beijing 2008

Et à ce prix, le site est très bien entretenu, mais il est extraordinairement vide. Lors de votre entrée dans le site, vous vous retrouverez nez à nez avec les Fuwa. Vous vous ne vous en souvenez plus ? C’est normal, ce sont les mascottes de ces jeux, aussi mignonnes que totalement éphémères. Elles étaient censées représenter les 5 couleurs des anneaux et les éléments : la mer, la forêt, le feu, la terre et le ciel.

Fuwa Beijing 2008
Source : Wikipedia

Ensuite, vous découvrirez le célèbre Nid d’Oiseau, c’est le stade Olympique avec son architecture atypique et le cube, la piscine Olympique. Ces lieux sont toujours impressionnants par leur immensité et par la mélancolie qu’ils dégagent. Ils sont comme arrêtés dans le temps, comme s’ils attendaient que les athlètes et les supporters reviennent.

Nid d'Oiseau
Village Olympique
Nid d'Oiseau Zoom
Cube piscine Olympique

Parlons Hot Pot

Mais qu’est-ce que c’est que ce truc ? Et bien, c’est LA tendance culinaire en Chine. Vous en verrez PARTOUT ! Et chaque ville à sa manière de le cuisiner. Si je vous la fait simple : c’est une fondue sans fromage.

Une fondue Bourguignonne quoi ?

Oui, on est plus proche de ça … Mais on est encore loin.

Hot Pot Beijing

Vous vous installez sur une table avec au centre un grand bouillon muni d’un réchaud. Pour la suite, la recette diffère en fonction des régions. À Beijing, le personnel vient remplir le bouillon d’eau chaude et y place des ingrédients (champignon, poireaux…) pour donner du goût. Plus au sud, vers Xi’an, le bouillon est plus consistant, c’est un mélange d’huile et de fond de poisson et vous pouvez demander une version épicée ou non. Attention avec les épices, vous pourrez être surpris ! Enfin, il existe des restaurants qui préparent devant vous le bouillon en fonction des ingrédients que vous avez préalablement choisis.

Hot Pot Xi'an
Hot Pot Zhangjiajie

Une fois que vous avez votre bouillon, vous choisissez vos ingrédients. Soit en les commandant au serveur, soit en allant vous servir directement dans les frigos. Et là … Bienvenue au pays de l’inconnu ! Vous prenez ce qu’il vous fait envie, il y en a pour tous les goûts ! Traditionnellement, le Hot Pot se consomme avec des abats ou du mouton, très peu pour moi et j’ai pu facilement me faire une fondue avec des légumes et du poisson. Le poisson, parlons-en, il peut soit, prendre la forme d’une pâte avec laquelle vous formez des boulettes, soit le serveur vous prépare un beau poisson avec tout ce qu’il y a dedans (arrêtes, yeux… 😁). La viande elle, se consomme en lamelles fines. En accompagnement, vous pouvez choisir des nouilles de blé ou de riz, et des légumes (salade, choux, champignon, racine de lotus…), des algues ou encore du tofu.

Hot Pot Xi'an ingrédients
Oui, j’ai testé un surimi, haha ! 🤣

Vous voulez tester une expérience culinaire chinoise ? Prenez les champignons « See you tomorrow« .

Pourquoi ils sont nommés ainsi ? Car ils ne sont quasiment pas digérés par l’estomac humain : donc on les retrouvent quasi intacts le lendemain matin, vous savez où 💩😇

See You Tomorrow

Ensuite, il vous suffit de laisser mijoter vos ingrédients dans le bouillon. Attention aux nouilles, à ne pas en mettre trop d’un coup et de les laisser trop cuire. Dès que la cuisson vous semble bonne vous prenez vos bâtonnets, vous pouvez assaisonner de sauce (soja ou sésame) et vous mangez directement : pas d’assiettes ! Tout dans la bouche ! (ou tout sur la table 😅)

Et en dehors de Beijing ?

La Grande Muraille à Jinshanling

Totalement incontournable lors d’un voyage en Chine, vous ne pouvez tout simplement pas passer à côté. Majestueuse et impressionnante, la Muraille de Chine est l’une des 7 Merveilles du Monde.

[Petite parenthèse Merveilles du Monde : le concept a des origines assez floues et il est encore impossible de savoir depuis quand cette liste a été créée. Il semblerait qu’elle soit le fruit des expériences de grands voyageurs du monde antique. Ainsi, à l’origine, la liste comprenait : la pyramide de Khéops à Gizeh en Egypte, les Jardins suspendus de Babylone, la Statue de Zeus à Olympie, le temple d’Artémis à Ephèse, le mausolée d’Halicarnasse, le Colosse de Rhodes et le phare d’Alexandrie. Vous ne connaissez pas la moitié ? C’est normal, à ce jour il n’y a que la Pyramide de Khéops qui est encore debout (il est temps d’organiser un voyage en Egypte ! 😜)
D’où l’idée de Bernard Weber (réalisateur et aviateur suisse) de recréer une liste moderne en 2007. L’objectif est clairement marketing, il faut se le dire, mais le vote a été ouvert au monde entier, depuis un site internet (et donc malheureusement, qu’aux personnes ayant accès à internet à cette époque …). Les participants devaient choisir parmi 21 sites préselectionnés avec des critères assez stricts : faites de la main humaine, achevées avant 2000, et dans un état acceptable de préservation. On y retrouvait même la Tour Eiffel !
La liste finale réunie les sites ayant récolté le plus de votes : La Grande Muraille de Chine, la cité Pétra en Jordanie, le Christ Rédempteur à Rio de Janeiro, le Machu Picchu au Pérou, le site de Chichén Itzá au Mexique, le Colisée à Rome et le Taj Mahal en Inde.
]

Merveilles du monde

Je ferme la parenthèse et revenons à notre sujet. La Grande Muraille de Chine ne forme pas un mur unique et linéaire et n’est pas visible depuis la lune ! Voilà, je casse de mythe ! Il existe plusieurs portions, plus ou moins fréquentées, plus ou moins restaurées. Sans hésiter, je vous conseille d’opter pour une section ayant fait l’objet de peu de restauration, donc plus authentique, plus difficile à parcourir, mais, de ce fait, beaucoup moins prisée par les touristes chinois. La Grande Muraille va bien au-delà de la région de Beijing, mais c’est autour de la capitale que vous avez le plus d’accès.

Plan muraille
Plan sections muraille
Sources : voyageschine.com

Les sections les plus connues sont celle de Badaling et de Juyongguan. Mais un conseil : fuyez ! Il vaut mieux prévoir un peu plus de temps de trajet et aller voir du côté de Jinshanling ! La zone est entourée de deux sections qui n’ont pas encore été restaurée : Gubeikou et Simatai. Jinshanling est juste assez réparée pour être accessible et conserve son authenticité si plaisante.

Jinshanling mur

Comment s’y rendre ? Il faut prendre le bus. Direction la gare de Dongzhimen à Beijing. Ensuite, soit vous prenez :

  • Un bus spécial : 974, 975 ou 942 qui vous emmènera directement à l’accès de la muraille pour 120 ¥
  • Un bus pour Miyun puis un mini-bus / taxi touristique local : 47 ¥ + une somme qui dépendra de votre pouvoir de négociation.

Nous nous, avons opté pour la deuxième option, mais … De force. Petits occidentaux naïfs que nous étions encore, nous nous sommes fait guider par une gentille dame qui nous a montré le bus à prendre, et bien entendu, à Miyun, nous étions totalement perdus … Et c’est là qu’un chauffeur de taxi s’est gentiment proposé de nous emmener et à sur-gonflé ses prix. Tout ça pour vous montrer à quel point vous pouvez très rapidement vous faire entraîner dans une stratégie pour vous faire payer davantage. Bon, nous l’avions un peu mauvaise, mais … Cela nous a servi de leçon pour la suite de notre séjour !

Jinshanling vue dessus

Arrivé à Jinshanling, vous n’aurez plus qu’à profiter. La Muraille s’offrira à vous, mais attention, c’est loin d’être une promenade de santé. Les moins sportifs risques de souffrir.

Jinshanling tour guet
Vue Jinshanling
Jinshanling escaliers

Et nous voici à la fin de cet article. Je pense vous avoir tout dit sur notre séjour à Beijing. Maintenant, nous descendons vers le sud, direction le Shanxi et le Shaanxi pour visiter deux villes fortifiées : Pingyao et Xi’an.

@cwmtraff et @tinytwine