À bord du Transsibérien 🚂 : Étape 5 – Oulan-Oude et Oulan-Bator
Décembre 2019 – Janvier 2020
Oui, j’imagine ce que vous êtes en train de vous dire … Cela fait une éternité que je n’ai pas publié d’article … Cette série s’est mise en stand-by avant même que l’on goûte à la Mongolie et Oulan-Bator : que s’est-il passé ?! Un mélange entre peur de manquer de contenu (COVID oblige, nous avons dû annuler plusieurs de nos projets) et par conséquent une petite lassitude (COVID oblige, bla bla bla). Mais ca y est, la motivation est revenue, pour une raison toute simple 😉. Mais ! Je ne vous en dis pas plus, patience …
C’est parti les kikis, on parle de la suite de notre périple et de nos premiers pas en Mongolie. Comme indiqué dans le titre nous avons fait une courte halte à Oulan-Oude, capitale de la bouriatie avant de monter dans le transmongol pour rejoindre la capitale : Oulan-Bator. Peut-être que ces noms de ville ne vous disent rien, peut-être que vous ne savez fichtre rien sur la bouriatie … On est là pour remédier à tout ça. Sommaire :
- Prélude : Préparer son voyage ?
- Étape 1 : Saint-Pétersbourg
- Étape 2 : Moscou
- Étape 3 : Iekaterinbourg
- Étape 4 : Le lac Baïkal
- Étape 5 : Oulan-Oude & Oulan-Bator [article actuel]
- Étape 6 : La Mongolie rurale, Nalayh
La ville de glace : Oulan-Oude
Oulan-Oude, je parie que cette ville ne vous parle pas du tout, et pourtant, lorsque l’on prévoit un voyage en transsibérien, elle est une sorte d’incontournable, car elle vous permet de changer de ligne de train, une sorte de pivot qui vous permettra de choisir la suite de votre voyage : transsibérien, transmandchourien ou transmongol ? Je vous invite à reprendre mon premier article pour mieux comprendre ce point 😉. Vous l’aurez compris, notre step dans cette ville avait plus une justification pratique.
Oulan-Oude se traduit littéralement par « Rouge-Ouda« . L’Ouda étant la rivière qui traverse la ville, et la couleur rouge est une référence au passé communisme. Car oui, même si nous nous rapprochons de la Mongolie, et que, les frontières deviennent vraiment floues, Oulan-Oude est encore située sur le territoire russe.
Cette ville est également la capitale de la Bouriatie, une des 22 républiques de Russie. Les bouriates bénéficient d’un brassage entre des peuples d’origines différentes. Ils sont russes, mais leur mode de vie et leurs cultures se rapprochent très fortement des mongols. Ils sont par exemple très influencés par le chamanisme, mais aussi par le bouddhisme tibétain, et c’est en ça que la fracture est d’autant plus forte : nous ne sommes clairement plus en Europe.
Nous arrivons à 05h22, départ prévu le jour même à 15h43.
Les transferts
Encore une fois, la gare se situe en plein centre-ville. Et comme nous n’avions pas prévu de logement, nous avons laissé nos backpacks à la conciergerie pour pouvoir vadrouiller tranquillement sans nous détruire le dos. Pour rejoindre l’artère principale, comptez 20 min à pied. Il me semble que la ville a un métro, mais honnêtement, vous pouvez largement vous en passer. La ville est petite et en toute honnêteté, il n’y a pas une multitude de choses à faire.
Baromètre du froid
Alors là, ça ne rigole plus. Oulan-Oude est, encore aujourd’hui, la ville la plus froide que j’ai connu. Est-ce que la fatigue, le fait de voyager dans un train surchauffé, de descendre du train au petit matin ont fait que ma sensation à été un peu faussée ? C’est possible, toujours est-il que -30°C en température réelle, ce n’est clairement pas une atmosphère plaisante pour se balader 😅. Je me plains, mais au final j’en garde un souvenir mémorable.
Donc vous l’aurez compris, là, on se couvre au max, tout ce que vous avez, vous le mettez sur vous !
À l’orée de la frontière
Comme je le disais précédemment, nous sommes arrivés dans la ville à 5h22 du matin. La ville commençait tout juste à se réveiller, et, nous aussi. Brusquement propulsés dans un univers presque irréaliste, une facette du monde encore peu connue et qui ne correspond à aucune idée reçue que nous pouvions avoir. Nous avions un peu plus de 10h de découverte avec une étape principale, le temple situé en périphérie de la ville.
Un long chemin pour atteindre Rinpoche Bagsha
Ce temple bouddhiste est véritablement un incontournable lors de votre passage à Oulan-Oude, par contre il faut mériter sa découverte. Situé à presque 1h à pied de la gare, via une route bétonnée et en légère côte, il faudra vous armer de courage.
C’est une petite pépite car il fut pendant très longtemps le seul centre spirituel bouddhiste de l’URSS. Et cette information confirme encore une fois la singularité de la ville et son atmosphère hors du commun. Le Datsan surplombe la ville et veille sur elle, et avec beaucoup de chance, nous avons pu assister au lever du soleil.
Le jour se levait et nous voyons plusieurs personnes entrer dans le temple pour le visiter. Nous nous sommes donc approchés de la porte d’entrée et nous avons passé le pas de porte. Le problème c’est que ce n’était pas une visite qui était organisée ce jour-là, mais bien une session de prière … 😅 Vous imaginez un peu notre malaise ? Et le souci c’est que nous ne pouvions rien faire : rester était impoli puisque que cela se voyait clairement que nous étions des touristes avec nos sacs-à-dos et notre appareil photo … Partir serait encore pire ! Au risque de faire du bruit, de déranger les participants et de manquer de respect à l’ensemble de l’assemblée … Que faire ?! Et bien … Nous sommes restés, et nous avons essayé de profiter 😁 après tout … je n’avais jamais participé à une cérémonie bouddhiste, autant prendre ça comme un coup du destin ?
Alors, comment se déroule la cérémonie ? J’avoue en tout franchise n’avoir pas tout compris, d’autant plus que nous n’étions absolument pas préparés à vivre ce genre d’expérience. J’espère juste, après coup, ne pas avoir perturbé les participants … Donc nous sommes assis sur des bancs et nous écoutons le maître de cérémonie prononcer des paroles que j’estime être des sortes de prières. L’assemblée ne participe pas, contrairement aux messes chrétiennes. Par contre, comme dans cette autre religion, il y a des temps où l’on doit rester debout, d’autre où on nous demande de nous asseoir. À la fin de la cérémonie, le moine distribue à chacun un petit morceau de papier sur lequel est inscrit une sorte de prophétie. Les notre fut « tu reviendras ici« , plutôt cocasse non ? Ensuite, libre à vous de conserver le papier avec vous pour que la prophétie s’annule, ou bien de le jeter pour qu’elle se réalise.
Comment avons-nous compris ce qui était écrit ? Car nous avons eu la chance de pouvoir échanger avec un participant, étonnement plutôt content de voir des étrangers assister à sa prière.
Au-revoir Russia
Nous nous sommes donc redirigés vers le centre. Un autre lieu intéressant de la ville est sa place principale avec son énorme tête de Lénine. Direction la place des Soviets pour prendre la température et trouver un endroit pour déjeuner. C’était également l’occasion de faire une petite séance de shopping car nous quittions définitivement la Russie le soir-même.
L’heure du départ du train approchant, nous nous sommes donc dirigé vers la gare pour prendre le transmongol. Il faut savoir que ce billet est le dernier à pouvoir être réservé, car il traverse une frontière. Les commandes ne sont pas ouvertes avant les 2 mois avant votre départ : il faudra donc faire très attention et payer dès qu’ils sont disponibles pour ensuite ne pas perdre trop de temps dans votre demande de VISA. Encore une fois, je vous invite à lire mon premier article pour avoir plus d’explications.
Fiche pratique :
Monnaie : le rouble (₽)
Coût moyen d’un repas au restaurant : 5,50 € (contre 12 € en France)
Langue : russe
Quelques mots utiles qui font toujours plaisir :
- Bonjour : Привет (priviet)
- Au-revoir : до свидания (do svidaniya)
- S’il vous plait : пожалуйста (pajaoulsta)
- Merci : Спасибо (spassiba)
Heure : la Russie présente 11 fuseaux horaires différents
Ils n’appliquent pas le changement d’heure (hiver/été).
- Saint-Pétersbourg – Moscou : Été : + 1h / Hiver : + 2h
- Iekaterinbourg : Été : + 3h / Hiver : + 4h
- Irkoutsk – Oulan-Oude : Été : + 6h / Hiver : + 7h
Météo :
- Saint-Pétersbourg – Moscou
- Décembre, janvier, février : entre – 4°c et – 8°c
- Mars, avril, mai / octobre, novembre : entre – 2°c et 13°c
- Juin, juillet, août, septembre : entre 12 et 20°c
- Iekaterinbourg
- Décembre, janvier, février : entre – 15°c et – 12°c
- Mars, avril, mai / octobre, novembre : entre – 6°c et 10°c
- Juin, juillet, août, septembre : entre 10 et 18°c
- Irkoutsk – Oulan-Oude
- Décembre, janvier, février : entre – 22°c et – 18°c
- Mars, avril, mai / octobre, novembre : entre – 9°c et 10°c
- Juin, juillet, août, septembre : entre 10 et 20°c
Bonjour Mongolia
Contrairement à tous les trains que nous avons pris jusqu’ici, qui étaient gérés par la compagnie de chemin de fer russe : RZD, le transmongol est, lui, dirigé par la compagnie chinoise (car le terminus est à Beijing). Donc, si jusqu’ici les trains se ressemblaient plus ou moins, celui-ci était différent. Nous avons choisi deux places en Kupe (en compartiment). Et une fois de plus, nous avons eu de la chance, puisqu’un seul homme a pris place dans le lit en face des nôtres.
Les transferts
À 16h environ, notre train s’élança, et aux alentours de 22h30, nous avons atteint la frontière. Le train s’arrêta et chaque wagon fut visité pour les agents de la douane. Il faut savoir que tout est fait pour rendre ce moment peu agréable : toutes les fenêtres doivent être fermées et obstruées par des rideaux. Les accès inter-wagon sont bloqués, les toilettes également. Le chauffage est volontairement augmenté, ce qui rend l’atmosphère totalement étouffante. Il semblerait que cette pratique ait pour objectif de faire craquer les personnes ayant des choses à se reprocher. Je n’avais rien à me reprocher et pourtant j’ai été obligée de quitter le compartiment pour ne pas tomber dans les pommes 😅. Bon, je vous passe l’épisode où mon drone a intrigué une inspectrice et où j’ai dû me justifier avec mes yeux de petite touriste innocente 😶. Vous allez devoir retourner l’ensemble de votre couchette, ouvrir vos backpacks de fond en comble et montrer ABSOLUMENT TOUT. Je ne sais pas si cette frontière est particulièrement contrôlée, mais toujours est-il que les Russes ne rigolent pas. Tout est bien qui finit bien, nos passeports et nos VISA sont en règle, mon drone ne reste pas en Russie et le train reprend sa course au bout de 2 bonnes heures de calvaire.
Le logement
Si vous suivez depuis le début, vous savez sans doute que le dernier hôtel dans lequel nous avons logé n’avait pas de douche. Donc, nous sommes le 8 janvier, et notre dernière douche remonte au 31 décembre … Voilà voilà ! Vous imaginez donc à quel point nous attendions avec impatience de poser nos bagages dans cet hôtel. Qu’importe qu’il soit bien ou non, pourvu qu’il y ait une douche ! Nous avons donc réservé une nuit dans le Mongolian Vision Tour, une sorte d’auberge de jeunesse planquée dans une tour d’immeuble. Rien de très charmant, mais cela nous convenait : nous avions un lit confortable dans un petit logement en compagnie d’un jeune mongol qui se lançait sur YouTube, et la sacro sainte douche. Vous n’imaginez même pas à quel point nous étions comblés ! Pour couronner le tout, nous avions une petite cuisine sans prétention, mais avec juste ce qu’il faut.
Baromètre du froid
Si jusque là nous allions de plus en plus vers le froid, le climat à Oulan-Bator est plus doux. Je ne sais pas si cela vient de la chape de pollution qui entoure la ville, ou bien sa situation géographique. Toujours est-il que le soleil omniprésent réchauffe les corps et rend l’atmosphère beaucoup plus agréable qu’à Oulan-Oude. Vous pouvez donc retirer une des deux paires de chaussettes et de gants 😉.
Le bourdement incessant d’Oulan-Bator
Cette ville est tout simplement fascinante. Je ne saurais expliquer pourquoi elle m’a piquée, elle n’est pas jolie et une fois sorti du centre-ville, ce sont des sortes de bidonville de yourtes qui s’entassent les unes sur les autres. Les fumées des usines de la périphérie tâchent le ciel et pourtant … Je trouve que cette ville à un charme, comme un Mad Max Fury Road, comme une dystopie complètement irréaliste. Je vous raconte dans le détail notre petite escapade dans la capitale mongole.
L’aura de Gengis Khan
Le lieu incontournable où vous devez obligatoirement vous rendre, c’est la place Sukhbaatar où trône une énorme statue de Gengis Khan assis. Cette esplanade est la principale de la ville et, de ce fait, rassemble un grand nombre de la population. Mais son point d’intérêt reste cette fameuse statue.
C’est qui ce Gengis Khan au fait ?
Alors tout d’abord, ne faites pas d’impers ! On prononce « djinguis raan« , le « kh » se prononçant comme la jota espagnole. Ensuite, l’image de ce personnage historique est différente que l’on se positionne d’un point de vue occidental ou mongol. Pour nous, Gengis Khan est vu comme un conquérant, un guerrier plutôt barbare qui a construit son empire grâce à son impartialité. Il a d’ailleurs été une source d’inspiration dans le personnage de Shan-Yu pour le dessin animé Mulan.
Pour les mongols, Gengis Khan est une sorte de héros national. Il est l’unificateur des peuples permettant au territoire de s’étendre jusqu’en Europe de l’est. Il est également un symbole d’autorité et de justice forgeant le respect et c’est ce qui, encore aujourd’hui, émane de ce chef de guerre.
Alors pourquoi autant de différences ? D’un côté un guerrier sanguinaire, de l’autre un conquérant strict, mais juste … ? Et bien surement ni l’un ni l’autre, mais les peuples de l’époque étant nomades, ils pratiquaient majoritairement la transmission orale, et, de ce fait, il n’existe que très peu d’écris pouvant avérer tel ou tel fait. Conclusion : on ne sait pas, mais personnellement, je préfère tempérer ces deux versions : Gengis Khan a surement eu des pratiques de conquête violentes, mais tout ceci est à remettre dans le contexte, et surtout à mettre en parallèle des avancées que ce personnage a pu donner à son peuple en posant les premières pierres de la démocratie.
Maintenant que cette explication est posée, vous comprendrez sans doute mieux l’importance de cette place dans la capitale mongole. Elle est centrale et tout autour vous trouverez les principaux bâtiments de la ville.
Pour les papilles et pour les pupilles
Si vous vous dirigez vers les rues au nord, vous trouverez le restaurant Modern Nomads. Alors, je vous préviens tout de suite, cette enseigne fait partie d’une chaîne de restaurants. Ce n’est donc pas l’adresse la plus authentique d’Oulan-Bator, ni la plus accessible en termes de prix, mais elle a l’avantage d’être très adaptée pour le marché touristique. Les plats proposés sont issus de recettes traditionnelles, mais twistées de sorte à ce qu’elles ne soient pas trop éloignées de ce que nous avons l’habitude de manger. Alors oui, je suis d’accord, moi aussi j’aime découvrir des spécialités culinaires, mais il faut être honnête, parfois l’expérience se transforme en mauvaise surprise. Ici, pas de risque, et cerise sur le gâteau, les plats végétariens sont clairement identifiés, et ça … ce n’est pas monnaie courante 😉.
Si je devais vous donner un conseil, vous devriez tester le cocktail mongol à base de lait de jument fermenté chaud aromatisé aux fruits rouges : l’aïrag. Ça pétille un peu et la douceur du lait vous apportera du baume au cœur. L’autre incontournable, ce sont les khuushuur, de sorte de crêpes roulées en forme de beignet, fourrées avec … tout un tas de choses différentes suivant vos goûts !
Une fois avoir rempli vos estomacs, je vous propose de vadrouiller dans la ville. Encore une fois, le côté désorganisé de cette capitale vous donne votre dose de surprise et d’émerveillement. Vous pouvez donc marcher en direction de l’ouest pour rejoindre le fameux monastère Gandantegchinlin.
Plus nous nous éloignons du centre-ville, plus vous sentirez la fracture sociale omniprésente à Oulan-Bator. Le plan de la ville est organisé de façon concentrique, passant des centres commerciaux, aux quartiers résidentiels modestes, puis aux bidonville de yourtes. Le monastère de Gandantegchinlin est situé à la frontière entre les maisons de bric et de broc et les nomades sédentarisés et est particulièrement identifiable car il est de style tibétain. À l’intérieur du bâtiment principal se trouve une statue de la Bodhisattva de Avalokiteshvara de plus de 26 mètres de haut. Oui, la même que celle que nous retrouvons à Pingyao : voir l’article, mais en beaucoup, beaucoup plus grosse ! Vous avez besoin d’un petit rappel sur la religion bouddhiste et sur les différentes divinités ? Vous pouvez vous rendre à cet article, j’en parle rapidement 😉.
Le monastère Gandantegchinlin est en quelque sorte un miraculé puisqu’il a réchappé, dans les années 30, à la vague de destruction sous la pression des communistes, de l’ensemble des lieux de culte bouddhistes. La statue originelle du temple ne passa pas cette période sombre puisqu’elle fut détruite en 1937, puis reconstruite en 1996 après la chute du régime communiste au début des années 90. Pour l’observer, il faudra débourser 4 000 ₮ ce qui correspond à environ 1 €, raisonnable 😉.
Vous pouvez vous balader entre les différents bâtiments, l’enceinte forme comme une parenthèse au milieu des habitations sommaires.
Nous avons parcouru la ville en long, en large et en travers, avant de rentrer à notre hôtel, le lendemain nous allions chercher notre 4×4 pour prendre la route vers la Mongolie rurale. Rendez-vous au prochain article pour découvrir le quotidien de la vie nomade.
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