L’extraordinaire Japon 🎏 – Partie 1 : Kyoto, ville des geishas
Juillet 2015.
Tout d’abord, un petit peu d’histoire (pas longtemps promis). Kyoto n’est pas la deuxième ville du Japon après Tokyo. Beaucoup plus modeste et moins urbanisée la capitale de la région du Kansai se situe dans la vallée de la rivière Yodo. Si cette ville vient plus facilement à l’esprit des occidentaux que Osaka ou encore Nagoya, c’est tout simplement car Kyoto fut la capitale du Japon entre 794 et 1868. Pendant plus de 1 000 ans elle a accueilli l’empereur et fait la fierté de tout un peuple. Le calcul est rapide, Tokyo n’est donc la capitale QUE depuis 150 ans, une broutille ! 😄
Kyoto est témoin de cet héritage et c’est pour cela qu’elle est intéressante à visiter. Loin de l’hyperactivité de Tokyo, Kyoto était, par ailleurs, nommée « capitale de la paix et de la tranquillité« . Elle ne compte pas moins de 17 sites classés au patrimoine mondial de l’UNESCO et c’est pour toutes ces raisons que nous avons décidé de nous y arrêter pendant 3 jours.
Programme en 1 coup d’œil :
- J0 – 21 juillet : Départ aéroport Roissy-Charles De Gaulle (18h30) / arrivée le 22 juillet (19h30 heure locale) aéroport international du Kansai
- J1 – 23 juillet : Quartier Gion, sanctuaire Yasaka et sanctuaire Heian
- J2 – 24 juillet : Gion Matsuri et sanctuaire Inari
- J3 – 25 juillet : montée dans le Shinkansen en route pour Tokyo
Vous remarquerez que nous n’avons pas visité 3 grands temples qui font la renommée de la ville :
- Le pavillon d’argent ou Ginkaku-ji : définitivement trop loin pour le laps de temps que nous avions à disposition.
- Le temple Kiyomizu-dera : malheureusement en travaux lors de notre voyage.
- Le pavillon d’or ou Kinkaku-ji : véritable souci d’organisation (il parait qu’il y a toujours au moins une erreur dans tout voyage, et bien je pense que celle-ci est ma plus grosse). Il faut savoir que les sites touristiques ferment très tôt au Japon, surtout en dehors de Tokyo. Nous sommes donc arrivés au Pavillon d’or, 5 minutes avant sa fermeture à 17 heures ☺️ (rien que de l’écrire, je suis encore énervée contre moi-même …)
Les premiers pas au pays du soleil levant
Avant de vous parler des moyens pour relier l’aéroport à la ville de Kyoto, vous devez impérativement passer les contrôles liés à l’immigration. Pour ceux qui n’ont pas l’habitude de voyager en dehors de l’Europe, cette étape peut s’avérer TRÈS longue. Et ce fut notre cas, avec quasiment 2 heures de queue. [non, je ne vous parlerai pas de ce rassemblement international de scouts qui ont décidé d’atterrir en même temps que nous, dans le même aéroport, non non non].
Qu’à cela ne tienne ! On est au Japon bordel de **** !
Totalement grisés par l’excitation, nous voici devant notre premier ATM, à retirer nos premiers Yens indispensables à notre survie (je vous dirai pourquoi par la suite). Puis, nous nous sommes dirigés vers la sortie du bâtiment et là – BOUM – le poids de l’humidité sur tout le corps. Alors oui, on le sait tous, le climat au Japon pendant les mois d’été n’est pas le plus simple, mais, au-delà de la chaleur, c’est l’humidité qui est surprenante. Nous, pauvres petits européens, nous n’avons pas l’habitude d’avoir nos sinus totalement bouchés et d’être trempés, non pas de transpiration, mais par l’air ambiant ! En somme : premier dépaysement dès la première inspiration !
Les transferts
L’aéroport du Kansai se situe sur une île artificielle dans la baie d’Osaka, il est donc indispensable de s’organiser pour pouvoir rejoindre votre logement. Plusieurs solutions s’offrent à vous en fonction de vos horaires d’arrivée et de votre budget.
- Le taxi : 1h30 environ / 308 € (40 000 ¥) :
Rapide mais onéreux (comptez également 20 % en plus pour un trajet de nuit) ❌
- Le train Airport Express Haruka : 1h15 / 21 € (2 700 ¥) le billet sans Japan Rail Pass :
Rapide, pratique et plutôt économique si votre arrivée se situe entre 8h et 23h30 🔶 → Si vous envisagez d’acheter le Japan Rail Pass c’est définitivement la solution à adopter puisque le trajet est compris dans votre forfait
[prix du JRP → 7j : 300 € (39 000 ¥) / 14j : 485 € (63 000 ¥)]
- La navette Yasaka : 1h30 / 30 € (4 000 ¥) :
Un mini-van qui vous permettra de passer un trajet paisible, mais seulement si vous arrivez avant 21 heures. 🔶
- Le bus : 1h20 / 19,60 € (2 550 ¥) :
Meilleur rapport temps/prix et idéal pour les arrivées de nuit avec un dernier trajet à 23h30. ✅
Pour nous, ce fut bus ! Tout juste le temps de commencer à fermer les paupières et nous voici sous une pluie battante, avec nos valises, à l’arrêt Hachijo-guchi, sans aucun repère. S’en suivi une longue, très longue, course d’orientation dans les rues de Kyoto dans la nuit noire. Objectif : trouver l’hôtel Tozankaku ! Totalement trempés, exténués, découragés, nous avons fini par capituler, et nous avons appelé un taxi pour nous conduire à notre hôtel [oui, ce n’est pas glorieux 🤨].
Le logement
Pour jouer la carte du traditionnel jusqu’au bout, nous avons opté pour un ryokan. Mais qu’est-ce qu’un ryokan me direz-vous ? Ce sont des auberges à l’architecture typique du Japon. De quoi vous projeter directement dans un film d’animation des studios Ghibli. Les cloisons coulissantes, le sol couvert de tatami, le petit salon de thé avec sa table basse, mais surtout les futons et les onsens.
Les futons ce sont les matelas durs, ne dépassant pas 10 cm d’épaisseur, positionnés à même le sol. En occident il nous arrive de les appeler « tatami » par abus de langage. Si pendant les premiers instants nous nous tournons dans tous les sens pour essayer de trouver une position confortable, les futons sont finalement idéaux pour les personnes qui souffrent du dos. Et au final on se réveille frais comme des gardons !
Les onsens, quant à eux, fût notre grande surprise ! Nous arrivons donc, aux alentours de 2 heures du matin, à notre hôtel, avec une seule idée en tête : prendre une douche ! Oui mais voilà, le gardien de l’hôtel nous explique comment fonctionne son établissement, et de fil en aiguille nous comprenons que :
- Nous n’avons pas de salle de bain dans notre chambre (bon, soit, ce n’est pas très grave)
- Les salles de bain sont communes à tout l’hôtel (ah ? Ça fait beaucoup de monde non ?)
- Les salles de bain sont publiques et d’ailleurs on parle plutôt de « bain public » (heeu … Maillot de bain autorisé ?)
- Les maillots de bain sont interdits ! Mais les bains publics ne sont pas mixtes (Ah ! Ouf ?)
- Les bains publics ont des horaires, et bien sûr, à 2 heures du mat’ ils sont fermés ( … Bon et bien toilette de chat dans le lavabos allons-y !)
Pour dire vrai, nous étions au courant de cette tradition des bains publics au Japon, mais nous pensions que nous aurions le choix, petits insouciants que nous sommes. Pour la faire plus simple, ce sont des grands espaces que nous pouvons assimiler à des piscines publiques avec un vestiaire. Vous vous déshabillez complètement, vous vous shampouinez dans des cabines de douche ouvertes, puis, vous pouvez entrer dans les bains, nu comme des vers, bien évidemment. Mais attention ! Hors de question de vous lavez dans les bains ! Il faut être propre avant. Dans tous les cas, c’est une véritable expérience que je vous encourage à tester. Même si vous êtes pudique, c’est une manière de s’imprégner totalement de la culture japonaise.
J’ai réussi à vous convaincre ? Dans ce cas je vous recommande vivement l’hôtel Tozankaku dans le quartier Higashiyama. Proche du cœur de la ville, il est tout simplement parfait pour tous ceux qui veulent se prendre une claque culturelle.
Trêve de bavardages, que peut-on faire à Kyoto lorsque nous n’avons que très peu de temps ? Comment profiter de la ville simplement ?
Notre programme, étape par étape
Yasaka-jinja
Tout au bout de la rue Shijo-Dori se dresse une porte rouge (appelée torii) donnant sur une étendue de verdure. Comme une parenthèse en dehors du temps à l’extrémité d’une grande artère de la ville, il est impossible de résister à l’envie de pénétrer dans le sanctuaire shinto Yasaka-jinja.
Le lieu est, en réalité, divisé en deux : un espace dédié au sanctuaire, et, en poursuivant, votre visite vous entrerez dans le parc Maruyama où plusieurs temples bouddhistes ont été érigés. Le Yasaka-jinja, également appelé « sanctuaire de Gion« , est dédié à la divinité de la mer et des tempêtes Susanoo. Profitez de votre visite pour observer et comprendre le rite de prière shintoïste.
Dans un premier temps, les croyants doivent se diriger vers le chozuya. C’est une fontaine qui permet de se purifier avant de s’adresser au dieu. Ensuite, il faut mettre une pièce dans une caisse, faire sonner la cloche du honden, s’incliner 2 fois, puis taper 2 fois dans les mains. C’est une manière d’appeler le dieu et lui notifier notre arrivée. Une fois la prière terminée, les croyants s’inclinent une dernière fois pour saluer le dieu.
Vous remarquerez également des zones dédiées au dépôt des ema. Ce sont des plaques de bois que l’on suspend aux portiques des sanctuaires pour qu’ils soient lu par les dieux. Autre rituel : celui des omikuji. Ce sont des morceaux de papier tirés au sort dans une boîte positionnée dans le sanctuaire. Si la prédiction est bonne les Japonais conservent le papier avec eux, si elle est mauvaise il faut l’accrocher aux branches d’un arbre dans le sanctuaire pour conjurer le mauvais sort.
Vous pouvez ensuite vous perdre dans le dédale de sentiers qui parcourent le jardin Maruyama et découvrir les petits temples pour des prières beaucoup plus intimistes.
Le quartier Gion
Pendant tout le mois de juillet, le quartier accueille le festival Gion Matsuri. Divisé en plusieurs étapes, l’événement a pour but de se remémorer un épisode épidémique ayant eu lieu en 300, couplé à une succession de catastrophes naturelles qui ont accablé le pays. Et croyez le ou non, nous n’étions absolument pas au courant ! Nous nous sommes retrouvés nez à nez avec un défilé de chars tous plus colorés les uns que les autres. Vraisemblablement, il s’agissait de la dernière étape du festival, celle qui consiste à ramener les mikoshis dans le sanctuaire. Les mikhosis ce sont des temples portatifs censés accueillir les dieux. Les hommes sont alors chargés d’escorter la divinité pour la ramener dans le Yasaka-jinja, leur demeure.
Gion est sûrement l’un des quartiers les plus touristiques de Kyoto. Mais il est également connu comme étant celui des geishas. Alors je ne sais pas si c’est de l’ethnocentrisme ou cette manie de vouloir expliquer ce que l’on ne comprend pas par des mœurs qui nous sont familières, mais, non, les geishas sont loin d’être des prostituées. Alors oui, on peut y trouver des similitudes, notamment dans le sens où elles sont payées pour la prestation de tâches qui ont habituellement lieu dans un cercle intime. Mais l’acte sexuel n’est qu’un des nombreux plaisirs que peut offrir une geisha. Avant tout, c’est une femme instruite, à la fois danseuse, chanteuse, musicienne, amatrice de compositions florales et experte dans la cérémonie du thé, les geishas sont des femmes avec qui l’on aime partager des conversations. De nos jours, elles sont même le reflet de la culture japonaise et sont respectées par leurs pairs.
Autrement, Gion c’est un labyrinthe de petites rues qui sont empreintes d’un passé riche en traditions. Je vous conseille de vous y perdre, d’aller là où le vent vous porte et de découvrir les recoins de Kyoto.
Vous pouvez faire un tour du côté du Heian Shrine. Ce sanctuaire, totalement assaillis de touristes est, à mon humble avis, loin d’être le plus intéressant. Sa grande cour manque de charme, et même s’il est impressionnant par ses dimensions, vous pouvez aisément vous en passer.
En fin de journée, je vous propose de vous asseoir à une table du Issen Yoshoku. C’est un petit restaurant célèbre pour sa statue. Mais au-delà de la décoration, vous aurez l’occasion de goûter un okonomiyaki. Sorte de crêpe grillée dont la pâte est confectionnée avec des œufs, de la farine de blé, du dashi (bouillon de poisson), de l’igname et du choux. A vous de choisir ensuite si vous êtes plus porc, dinde ou crevettes. Ne vous attendez pas à une cuisine d’exception, ici on retrouve plus une ambiance fast-food.
Fushimi Inari
La principale raison de notre visite a Kyoto : le sanctuaire Inari. Déesse du riz, et plus largement de l’agriculture, elle est priée pour favoriser la fertilité des terres. Son animal totem est un renard (kitsune) et pour lui rendre hommage, les Japonais se rendent au sanctuaire de Fushimi.
Comment se rendre au sanctuaire d’Inari ?
Nous n’avons pas tenté de nous y rendre à pied, malgré que le sanctuaire soit proche de la ville de Kyoto. C’est parti pour un tour de bus ! Oui, encore ! Et si vous êtes fan comme nous, il vous suffit de vous rendre à la gare de Kyoto et de sauter dans le bus de la ligne 南5 (5 sud) direction Yokooji Shako Mae et descendez à l’arrêt Inari Taisha Mae. Le trajet vous coûtera 220 ¥ soit 1,70 € pour un trajet d’environ 10 minutes.
Il existe des temples dédiés à la déesse Inari sur l’ensemble du pays, mais celui-ci est le plus grand et le plus connu puisqu’il ne compte pas moins de 10 000 torii. Comme je l’ai évoqué précédemment, les torii ce sont ces grandes arches rouges. Dans ce sanctuaire, ils sont tellement nombreux qu’ils forment un chemin pour guider les visiteurs jusqu’au lieu de culte à flan de montagne. Ce sont des particuliers, des familles, des entreprises qui achètent les torii, correspondant alors à un don à destination de la déesse. En échange, le nom du bénéficiaire est inscrit sur les colonnes.
Si l’envie vous prend d’acheter un torii, il vous faudra débourser minimum 1 500 €. Sinon je vous conseille plutôt de débuter l’ascension ! Seulement les plus courageux pourront y venir à bout puisque le sommet culmine à 230 mètres de hauteur. Facile me direz-vous ! Non car l’ascension se fait par des escaliers sinueux ce qui vous amène à parcourir les sentiers pendant près de 4 km. Et bien sûr, sous une chaleur torride 😉. Mais rien ne vaut la satisfaction d’avoir terminé l’ascension, et puis de petits étages viendront faire office de pause.
La gare de Kyoto et le Shinkansen
Il était temps pour nous de quitter Kyoto pour nous rendre à Tokyo ! Mais pas en bus, ou même en train, non, en Shinkansen ! Vous en avez sûrement déjà entendu parler, ce train est le précurseur des lignes à grande vitesse. Dès son inauguration en 1964, il pointait à 240 km/h, un record pour l’époque. Le Shinkansen est également reconnu pour son confort, sa fiabilité, et aussi, pour son design atypique.
Pour prendre le Shinkansen, il faut se rendre à la gare de Kyoto. Il y a des trains très régulièrement de 6h à 20h. Par contre, le trajet n’est pas gratuit, il faut compter une centaine d’euros pour faire un aller, mais vous avez l’assurance d’arriver à Tokyo dans les 3 heures.
Autrement, vous avez la possibilité de prendre le train local, mais vous aurez à faire plusieurs changements, et le trajet peut durer jusqu’à 9 heures, de quoi perdre une bonne partie de votre journée. Ou bien, prendre le bus, mais là … Bon je ne vous le conseille pas, le but est quand même de profiter de votre voyage et pas de passer votre temps dans les transports …
A suivre, dans la partie 2, notre arrivée à Tokyo, les feux d’artifices de la rivière Sumida, le quartier Asakusa, Tsukiji 🐟 et Shibuya !
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